Youpi, 2008 est fini, et c'est le moment de faire les classements musicaux. Tout comme l'année dernière, il est bien difficile pour moi de faire le tour complet de la question, notamment parce que si mon exercice consiste à ne conserver que les 15 albums sortis en 2008 qui m'ont marqué, ils n'ont pas été beaucoup plus à trouver en entier le chemin de mes oreilles, du moins de quoi les faire figurer honnêtement dans mon classement.
J'ai néanmoins sélectionné les 15 albums qui m'ont accompagné cette année, avec une prédominance finale pour un certain genre musical qui, à la réflexion faite, est une bonne analyse de mes écoutes de l'année passée. Au programme de ce classement, de la déception, de la surprise, mais aussi des artistes dont j'aurais pas parié beaucoup sur leur présence ici en début d'année dernière. 2008 n'a pas été une année que j'estime formidable au niveau de mes découvertes musicales, les quelques artistes attendus m'ayant finalement déçu pour la plupart. En revanche, on confirme la tendance de l'année dernière, avec des artistes découverts sur les blogs musicaux ou dont la sortie d'un nouvel album a été fortement alimentée sur ces mêmes sites.
Certains choix paraîtront intrigants, ils sont en tout cas complètement personnels, évitant d'ailleurs l'écueil des albums absents parce que honteux ou pas bien vus, ou au contraire de ceux qu'on met parce que ça fait bien de les avoir écouté. En attendant, et même si je prends le risque de vous faire découvrir les premiers à l'envers de ce classement, voici une sélection de 13 titres - un pour chaque album moins deux absents de Deezer - à lancer pendant la lecture de l'article histoire de ce faire une petite idée. Un conseil pour la fin : poussez les meubles.
Top 15 Albums
Forcément, après la bombe que fut
Silent Alarm (
Banquet,
Helicopter) et le plus que bon
A Week-end In The City (
The Prayer), on pouvait penser que Bloc Party avait de quoi nous produire un troisième album digne du podium. Mais s'ils ont fort heureusement laissé tomber les quelques chansons fadasses de A Weekend..., ils ont lorgné vers le côté electro, boucles et effets de voix au maximum. Du coup, on a parfois l'impression d'écouter une compil de remixes et on oublie tout le talent des musiciens. Heureusement, on sauve quelques titres de la noyade, dont
Halo et
Talons dignes héritiers de
Silent Alarm ; dommage qu'on ait l'impression qu'ils soient des intrus.
Et je retiens deux : Talons,
Halo.
14
Cold War Kids
Loyalty To Loyalty
Le premier album Robbers & Cowards avait montré que les californiens de Cold War Kids étaient capables de naviguer dans leur répertoire piano-jazz pour aller du tube pop à la chanson minimaliste ; ce second album ne les pervertit pas, et va même plus loin dans le concept : une pelle de chansons à la limite de l'endormissement, pas loin du foutage de gueule, un tube envoyé calé en 2 minutes 30 (
Something Is Not Right With Me), mais heureusement une poignée de morceaux très bons, bien amenés, mélodieux tout en exploitant toutes les particularités du groupe.
+
La chronique de l'album
Et je retiens deux : Welcome To The Occupation,
I'Ve Seen Enough.
13
The Subways
All Or Nothing
Difficile d'aborder un album des Subways en parlant de la couleur mélodique et de l'apport des accords...
All Or Nothing a bien compris quelle était la porte à enfoncer - voire défoncer - pour les trois Londoniens : de la sueur, de la chanson à emporter sous le bras, histoire de se défouler un bon coup et de beugler des refrains avec plus d'onomatopées que de phrases, et encore, celles-ci sont réduites au minimum. Néanmoins, on ne peut pas tout résumer à ça, The Subways nous offrant quelques chansonnettes plus posées qui montrent qu'il leur reste des tympans. Il manque juste un gros tube qui pimenterait le tout, le petit truc en plus.
+
La chronique de l'album
Et je retiens deux : Girls & Boys,
Strawberry Blonde.
Absolument fan du groupe atypique d'un Fyfe Dangerfield qui l'est tout autant, capable d'embarquer ses compositions dans des virages sans fin, Red, second album du groupe après
Through The Windowpane et l'EP
From The Cliffs, met un peu de colorant dans la musique des Guillemots. Les chansons sont plus acidulées, rendant un côté plus pop à l'album, mais édulcorant du même coup les titres plus intimistes. Mais les multiples directions du groupe, avec quand même une trame jazzy, en font un album très agréable, plus joyeux que ses prédécesseurs, moins mélancolique forcément.
Et je retiens deux : Kriss Kross,
Last Kiss.
11
Kings Of Leon
Only By The Night
Après la claque (toujours largement incomprise) que m'a
suscité le single
Sex On Fire, et après des a priori plus que positifs suite à leurs derniers singles en date avant cet album (
Charmer,
On Call),
Only By The Night promettait d'être une vraie bombe. Sauf que si c'est une bombe, c'est la bombe comme celle que l'on fait dans la piscine. Ça explose, ça pète, c'est plutôt rafraichissant, mais ça reste lourd et connu d'avance. Si l'album attaque (très) bien, il s'essouffle dans une seconde partie sans doute trop longue, mais forcément mauvaise mais qui ne tient vraiment pas la distance. Ouf, la maison de disques a du voir le coup venir et sortir les meilleurs titres (
Sex On Fire,
Use Somebody) en single.
+
La chronique de l'album
Et je retiens deux : Sex On Fire,
Closer.
10
We Are Scientists
Brain Thrust Mastery
Leur premier album, With Love And Squalor, m'avait éclaté. Depuis, les fous furieux de We Are Scientists ne sont plus que deux, et on sent que leur folie est plus condensée, qu'il manque quelque chose qui ressemblerait presque à de l'envie. C'est pas forcément bon signe, mais heureusement, ils n'ont pas laissé leur talent en route et envoient toujours quelques chansons qui dégagent les bronches, même si le tout est un peu plus posé et perd en explosivité. On y découvre du coup une face cachée du groupe qui permet au moins au groupe de ne pas s'essouffler musicalement.
Et je retiens deux : Lethal Enforcer,
Tonight.
09
Girls In Hawaii
Plan Your Escape
Arf, les 6 belges de Girls In Hawaii nous auront fait attendre le successeur de
From Here To There, sorti en 2003, avec impatience, le temps de se faire un nom aussi. Finalement, tant de temps aura presque été préjudiciable à
Plan Your Escape, entre tergiversation, l'envie du toujours mieux, la peur de décevoir, jusqu'aux décisions ultimes des chansons à conserver. Du coup, l'album se veut plus rock, la chanson d'ouverture et premier single,
This Farm Will End Up In Fire en est la preuve. Mais en aucun cas la patte des Girls In Hawaii, celle-là même que certains trouvent d'un ennui à mourir, mais que d'autres (ceux qui ont du goût c'est EVIDENT) perçoivent comme une émotion (et pas celle de l'ennui) est toujours présente, dans les compos enlevées comme dans les épurées.
Et je retiens deux : Birthday Call,
Summer Storm.
08
Hot Chip
Made In The Dark
Fidèle à leur univers barré et coloré,
Made In The Dark est le troisième des anglais de Hot Chip. Maniant à merveille le mélange entre électro-pop et mélange des samples, Hot Chip se permet le luxe d'approfondir leur gamme avec de l'electro bien huilée (
Shake A Fist) mais jubilatoire, mais aussi de la ballade comme ils en avaient déjà faite (
Made In The Dark), sans oublier l'innovation avec l'electro-zouk de l'excellent
One Pure Thought. Un condensé d'électro donc, mais par rébarbatif pour un sou, et surtout pas enfermé dans son monde.
+
La chronique de l'album
Et je retiens deux : One Pure Thought,
Ready For The Floor.
J'ai d'abord entendu parler des Canadiens d'Islands comme d'un groupe surtout connu de "ceux qui n'écoutent pas comme nous", et dont ce nouvel album était attendu, avant de les voir déçus de
Arm's Way. Pourtant, Islands offre sur cet album des titres dignes d'un Opéra rock, se développant dans la longueur et proposant plusieurs mouvements dans le même titre, à l'image du fabuleux
In The Rushes. Des chansons jouées, non seulement avec l'intonation de la voix, mais aussi par les instruments et les arrangements, et qui au milieu de tout ça et de quelques titres peut-être un peu fades - mais difficile de tenir la longueur avec cette qualité - renferme un titre pop terrible,
Creeper (bande son de la vidéo de Lyon par ailleurs).
+
La chronique de l'album
Et je retiens deux : Creeper,
The Arm.
06
Coldplay
Viva La Vida et machin truc chouette
A coup de matraquage médiatique et de chansons trempées dans la pop populaire (dans le bon sens du terme), Coldplay a suivi la voie tracée par Muse ou Placebo avant eux : à trop vouloir plaire à tout le monde, ils ont fini par exacerber les critiques et à même déplaire à ceux qui les aimaient "mieux avant". Mais réussir à réaliser un album rempli de titres aussi accrocheurs, avec des mélodies qui paraissent pourtant simple (tellement évidentes qu'on les accuse de plagiat, de Joe Satriani à Alizée, et qu'en fouillant bien on pourrait en trouver sans doute des caisses) montre que si le groupe de Chris Martin a peut-être enjolivé ses compositions, elles restent quand même sacrément efficaces.
Viva La Vida Or Death And All His Friends n'a que le nom de long, et on serait pas loin de penser que tout l'album puisse sortir en single ; on peut être hermétique au sur-jeu, mais si c'est ça qu'on considère comme de la pop, je signe tout de suite.
Et je retiens deux : Lost !,
Violet Hill.
05
Alain Bashung
Bleu Pétrole
Au départ, c'était pas gagné. Un artiste bien connu mais qui avait avec le temps délaissé le devant des classements pour gagner en succès d'estime et de prestige, propulsé par un autre artiste de la même veine (Gérard Manset) et un autre qui n'a, comme ça, pas grand chose à voir (Gaëtan Roussel, connu comme chanteur de Louise Attaque). Le résultat est pourtant assez brillant, même si la conclusion reste toujours la même, un succès dont on parle mais peu reconnu sans doute. Un Bashung qui apporte sa noirceur et son grain de voix aux compositions emberlificotées à la Louise Attaque ou qui pose sa classe sur des chansons plus lancinantes, et avec ça on vous sert deux tubes en entrée histoire de vous choper pour de bon,
Résidents de la République et
Je T'ai Manqué.
Et je retiens deux : Je T'ai Manqué,
Comme Un Légo.
Difficile de mettre dans un classement de fin d'année un album qu'on vient à peine de découvrir, d'autant plus lorsqu'il met une claque comme celle reçue avec le premier album de "Pip" Brown, Ladyhawke de son nom de scène. Encore une belle preuve de la mauvaise idée des classements de début décembre - même si l'album est sorti dès 2008.
La ravagée Ladyhawke emballe 12 titres électro-pop, voire de pop dansante, avec une entrée sur
Magic qui invite à en redemander, et ça tombe bien, des tubes tout faits, la belle en a des caisses. Synthés en avant sans en faire trop, une production impeccable, des mélodies faciles à retenir et qui donnent envie d'être reprises, et par dessus la voix de la demoiselle (arghhh ce refrain de
Better Than Sunday) qui fait à la base la grosse part du boulot. Et c'est pas pour rien qu'elle est dans la liste des artistes dont on devrait reparler en 2009.
Et je retiens deux : Magic,
Dusk Till Down.
La capacité de William Sheller a nous surprendre pousse toujours à craindre un peu à la sortie de chaque nouvel album. Et si le dernier, bien que réussi, avait vu un Sheller uniquement accompagné de son piano, c'est cette fois-ci un album qui parcourt les différents univers musicaux de l'artiste, jouant de tous les registres et donc de tous les instruments, variant entre chansons pop et plus posées, mélancoliques et légères, sans pour autant laissé un goût de fourre-z'y-tout. Au contraire, aussi surprenant qu'il n'y paraisse, l'album est parfaitement homogène, et ses variations font peiner à trouver notre chanson préférée, et encore si elle ne change pas tous les quarts d'heures. Si cet album peut déstabiliser à la première approche, on serait plus tenté de penser que les chansons qui nous accrochent nous rapprochent des autres plutôt qu'elles nous en éloignent.
+
La chronique de l'album
Et je retiens deux : Camping,
Avatar II.
02
The Last Shadow Puppets
The Age Of The Understatement
Un ami bien connu m'a dit un jour "t'es marrant, t'aimes pas trop les Arctic Monkeys, mais tu kiffes les Last Shadow Puppets, alors que c'est la même came avec un emballage différent", ce qui n'est pas faux, mais c'est surtout parce que c'est le principe même de la musique (je pense que si je mettais un emballage disco à Metallica ça rendrait pas pareil non plus ; mais comme il m'a aussi traité par la suite d'enfoiré de capitaliste, je lui pardonne). Avec Miles Kane, Alex Turner des Arctic Monkeys donc se lance dans un projet toujours aussi rock mais un peu moins acéré, plus mélodieux, et teinté d'accents 70's dont les deux compères semblent jouer la carte à fond, à base évidemment de cols roulés et de coupes british pas loin du bol. Entre chevauchées sur le titre d'ouverture
The Age Of The Understatement, choeurs et cordes, et surtout jeu du duo de voix utilisé à la perfection,
The Age Of The Understatement montre que non seulement ces jeunes gens savent nous pondre des titres à la volée, mais avec du talent en plus, et ça, c'est dégueulasse.
Et je retiens deux : The Age Of The Understatement,
My Mistakes Were Made For You.
Mon année 2008 sera donc placée sous le signe de l'électro-pop. Si j'ai bien eu du mal à sélectionner les albums de ce classement, et si cette première place ne fut pas l'évidence même au départ, le quatrième album des Liverpuldiens de
Les 10 troncs Ladytron est apparu comme celui que j'avais eu le plus d'enclin à écouter. Si j'avais écouté les précédents albums du groupe, j'étais resté scotché sur quelques titres en particulier, ce qui n'est pas le cas de
Velocifero qui m'a happé de bout en bout. L'album numéro 1 de cette année aura donc la particularité de contenir des titres en bulgares chantés par Mira Aroyo, dont l'ouverture
Black Cat et le très bon
Kletva. L'album entier regorge de pépites synthpop sans temps mort, sans jamais sombrer dans l'électro minimaliste, conservant toujours la trame de la chanson standard trempée dans les synthétiseurs. La voix de Helen Marnie reste l'âme apparente du groupe, tandis que les arrangements comme sur
Runaway ou
The Lovers en font des chansons imparables.
Et je retiens deux : Runaway,
The Lovers.
Sans oublier
- Diamond Hoo Ha de Supergrass, le 16e de ma liste. C'est con, parce qu'il n'y a pas de 17e en fait.
- Les mastodontes du rock de retour : Ac/Dc, Metallica, Guns n' Roses. Chacun choisira les noms à rayer.
- Les albums de songwriters / Folk. Et pourtant j'ai essayé l'album de Ray Lamontagne, je l'ai même écouté en entier, je vous jure !
- L'album de Anna Ternheim, Leaving On A Mayday. Qu'est-ce que t'as fait Anna ? Qu'est-ce qu'il te prend ?!
- Dystopia des Midnight Juggernauts, que j'ai découvert en 2008 et que j'aurais bien placé en 2007 si seulement j'avais pas un an de retard.
- Tous les albums de 2008 que je découvrirai un jour, mais trop tard.
- Day & Age des Killers. C'est dommage, rien que pour l'heure de rire que j'ai passée, il aurait mérité une place d'honneur.
- Third de Portisead, qui squatte tous les hauts des classements alors que moi j'y ai même pas prêté les oreilles.
- Oracular Spectacular de MGMT qui aurait sans doute eu sa place dans les 15 premiers s'il avait télescopé ma trajectoire d'écoute. Un album à côté duquel je suis totalement passé alors que pourtant tout nous pousse à nous rencontrer.
- Turn On The Bright Lights d'Interpol.