TRACKLIST1. Avatar I (Log In) / 2. La Longue Echelle / 3. Tout Ira Bien / 4. Felix & Moi / 5. Jet Lag / 6. Tristan / 7. BlackMail / 8. Music-Hall / 9. Le Veilleur De Nuit / 10. Spyder Le Cat / 11. Camping / 12. Avatar Il (Log Out) /
On avait laissé William Sheller il y a trois ans maintenant, avec le conceptuel tout au piano Epures, sans l'avoir perdu de vue pour autant, deux lives (Parade au Cirque Royal en 2005 et Le Quatuor Stevens : Live en 2007) et un album symphonique (Ostinato en 2006) étant sortis depuis. Avatars vient reprendre la suite de la longue liste d'albums studio, et, à l'image des récentes activités du chanteur, déborde d'éclectisme (j'en ai fait quand j'étais petit).
On ne sera plus surpris par la capacité de William Sheller à nous surprendre (sic), et ceux qui ne gardent qu'en mémoire que l'image du chanteur d'
Un Homme Heureux sont bien loin d'imaginer la palette complète de l'artiste, touche-à-tout capable de créer en quelques notes un monde particulier dont l'auditeur est partie prenante.
Avatars en est une nouvelle fois la preuve, tant il explore divers univers sans pour autant manquer d'homogénéité.
On y retrouve un son caractéristique de William Sheller, reconnaissable entre mille, aux sonorités parfois 70's (
La Longue Echelle et son compte Moyen-âgeux aux accents de comptine enfantine), aux mélodies joyeuses si évidentes qu'elles restent immédiatement dans la tête (
Music-Hall et ses saxophones,
Tout Ira Bien et ses effets de voix qui vont si bien), et surtout bien loin des idées reçues qui feraient de Sheller un chanteur cantonné aux chansons tristes et mélancoliques. On n'oubliera pas l'ensoleillé
Camping qui respire le tube
variétoche, aux relents de titres Shelleriens des années 80 (ce qui reste finalement assez normal), flanqué de paroles des plus fines qui nous compte une
"chronique aoûtienne" quelque part entre le Camping des Flots-Bleus et l'élection de Miss Camping (
"Emmène-moi plutôt voir les Conquidences, au moins ça met d'l'ambiance").
Explorant les différents univers musicaux,
Avatars laisse une belle place aux guitares dans des chansons qui n'auraient rien n'a envier à une production brit-pop ;
Le Veilleur de Nuit au trio basse-guitare-batterie qui, envoyé en à peine deux minutes et demi, est un concentré d'énergie qu'on n'attendait pas et qui n'aidera pas vraiment les insomniaques.
Jet Lag, qui prend le temps de se développer, prend ses racines sur une basse omniprésente, est une chanson dans laquelle on perdrait sans concession ses vâgues-à-l'âme tant les paroles semblent écrites pour coller à toutes les histoires inachevées qu'il ne fait pas bon trop remuer. Tout comme
Camping,
Jet Lag utilise des sons enregistrés par le guitariste Patrice Tison, décédé en 2000, et que Sheller appréciait beaucoup ; c'est ainsi que le titre se termine en suspens après le solo du guitariste (qui surprend quand même pas mal à la première écoute).
Au milieu de tout ça, on trouve quelques titres plus sombres, plus posés, mais certainement pas ternes : on retrouve William Sheller au piano dans le lancinant
Spyder Le Cat dont l'orgue vient apporter une touche 60's à une composition encore une fois orientée vers le duo guitare-basse, mais aussi sur les couplets de Blackmail, chanson qui commence calmement avant d'emballer des refrains (sur)prenants, mêlant saxophones et voix travaillées en canon saccadé.
Félix & Moi sera la ballade de l'album, tout en guitares et choeurs, sonnant comme une madeleine aux histoires de
lose adolescente. Quant à
Tristan, il claque les cordes d'un orchestre comme William Sheller sait si bien le faire, nous emmenant instantanément dans
"la lueur d'un phare au loin sur les terres / dont l'horizon se perd au ciel endormi", dans des histoires dont lui seul semble avoir le secret, en disant juste assez pour nous laisser le plaisir de la compléter comme bon nous semble.
Enfin, cet
Avatars encadre ces 10 titres de deux morceaux fabuleux, tout en cordes ; l'ouverture
Avatar I [Log In] nous ouvre les portes de l'album, avec un fumant début
Floydesque avant de voir débarquer les cordes, puis s'entremêler les guitares pour une fin
ba-rock [
1] pour nous emmener dans
"un univers où tout abonde d'un éternel été".
Avatar II [Log Off] joue uniquement - mais magnifiquement - sur les cordes, à couper le souffle, à l'image des paroles saccadées, comme essoufflées, découpées, des couplets laissant la place aux refrains coulants mais étouffés, comme obsédants.
Avatars s'écoute donc comme une une histoire complète, accentuée par les enchaînements (bruits d'aéroports avant
Jet Lag, mise en place de l'orchestre avant
Avatar II...), entourée de deux pièces, sans pourtant que les histoires ne se suivent. On retrouve une multitude de thèmes musicaux et de sonorités sans avoir l'impression de s'éparpiller entre chansons légères et d'autres plus chargées. Et si la note n'est pas maximale, c'est essentiellement parce qu'on ne sait jamais ce que William Sheller nous réserve !
(
et on peut écouter l'album entier sur Deezer)
Notes du bas de la page (ou un peu avant)[1] J'avais pas encore fait de jeux de mots, ça va !