Une nouvelle année qui commence, c'est toujours l'occasion de faire le bilan de celle qui se termine. Et même si je ne l'avais pas fait l'an dernier, il est temps de reprendre cette habitude. Bien loin d'avoir écouté (ni goûté) tout ce qui a pu sortir cette année, ce top album 2011 n'est bien sur qu'une image de mon année musicale. Je suis bien incapable de vous dire que j'ai adoré une cinquantaine de nouveaux albums, surtout quand je pense en avoir écouté réellement moins... Il n'empêche que cette petite sélection retrace assez fidèlement l’éclectisme de ma bande son de cette année.
Dans cette sélection, certains noms attendus se font absent devant la déception de leurs albums (
The Subways,
White Lies), d'autres tiennent leur rang, et encore une fois mon classement se retourne vers les mêmes noms. Quand même, bon nombre d'albums se sont écartés de la veine rock ou simplement pêchues pour s'orienter vers des sons plus tranquilles (entrez ici
Metronomy). La
hype a décidément du mal à faire sa place ici, plusieurs tentatives ne m'auront pas permis de fondre pour
The Vaccines, de m'enthousiasmer pour l'électro de
Battles, de trouver enfin au folk mou du charme ni même de supporter plus de trente secondes
Wu Lyf.
Réaliser un classement sur une année qui vient de s'écouler implique forcément que de nombreux albums ont été zappés ou tout simplement pas encore digérés. D'autres auraient mérité de nouvelles écoutes, dans un autre contexte. Nombreux sont ceux que j'ai découvert lors de l'élaboration d'un classement commun dirigé par Gary et son
Ocean Of Noise : la fin d'année a été intense en découvertes, en tentatives vaines aussi, et le temps s'est fait court pour se laisser prendre par ces disques. Il a quand même été suffisamment long pour en faire entrer quelques uns...
Oui alors bon le classement
Dans une première partie du classement, on retrouve par exemple l'album de
Girls Father, Son, Holy Ghost (14e) qui vaut particulièrement pour le titre Vomit, mais aussi une escapade (gentiment) hip-hop avec l'alum
Undun de
The Roots (15e), bien aidé par la mise en avant de Denis (qui lui peut faire un
Top 50). La blonde Anglaise
Laura Marling aura enfin réussi à me séduire avec son troisième album
A Creature I Don't Know (13e) : son folk est rondement servi, très mélodique, et remporte tout sur des titres comme
The Beast ou
Night After Night. Dans un style bien plus conforme à mes habitudes,
Colour Of The Trap de
Miles Kane prend la 12e place, grâce à de nombreux titres en forme d'hymnes, peut-être un peu faciles, mais vraiment efficaces à l'image de
Rearrange ou
Come Closer. Enfin, cette première partie de classement est conclue par le troisième album d'
Elista,
L'Amour, La Guerre et L'Imbécile (11e), qui laisse une sensation bi-goût, à la fois réussi et inattendu, capable de poser de très bon titres (
Le Royaume des Cieux) et d'excellents textes, mais quelque fois un peu trop mielleux.
10
Ladytron
Gravity The Seducer
Premier album de ce Top 10,
Gravity The Seducer est le cinquième album studio des Anglais de
Ladytron. Après avoir clos dix années d'activité par un Best Of plus tôt dans l'année, le quatuor revient avec les recettes habituelles d'une synth-pop maitrisée, entre gros titres plein de synthés qui tâchent (
Ace Of Hz,
Mirage) et titres plus aériens (
Ambulance,
90 Degrees). D'une façon générale plus éthéré,
Ladytron livre ici, sans se répéter, un album plus posé, vraie vitrine de l'étendue de leur talent.
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La chronique de Gravity The Seducer
9
Veronica Falls
Veronica Falls
Découvert sur le tard, l'album éponyme de
Veronica Falls réussit le tour de force de combiner une sorte de nonchalance dans le chant (
Found Love In A Graveyeard) et une forte présence mélodique. On retrouve un côté Pixies dans les riffs lancinants et certaines parties répétées à l'envie (
Beachy Head), mais toujours enrobés dans un doux velours de voix et de choeurs. Et pour me faire apprécier un album de ce genre, sans riffs ravageurs, il fallait au moins sortir un album de cette trempe.
Certes, la présence d'
IAMX dans cette dernière partie du classement relève sans doute plus de mon goût immodéré pour les productions à tendance New-Wave, ou encore par ma passion envers cet artiste et ses projets précédents. C'est que
Volatile Times, le quatrième album de Chris Corner sous la banderole
IAMX, est forcément un brin putassier. Les ficelles sont énormes, on est parfois proche du vulgaire mais l'album surprend à tenter d'offrir de nouvelles choses moins faciles. Mais la moelle épinière d'
IAMX y est encore énorme sur des titres comme
Music People ou le single
Ghosts Of Utopia.
7
Cold War Kids
Mine Is Yours
Que sont devenus les interprètes des géniaux
We Used To Vacation et
Hung Me Up To Dry ? 2011 nous a apporté la réponse avec le troisième album des Californiens de
Cold War Kids : si la verve est toujours la même, leur rock est devenu encore plus blues (
Royal Blue,
Cold Toes), encore plus pop aussi sur des titres vraiment séduisants (
Finally Begin). Pourtant loin d'être mauvais,
Mine Is Yours a été plutôt boudé à sa sortie, peut-être parce que les
Cold War Kids peinent à trouver le petit plus pour réaliser un album parfait. Cet album a pourtant plus d'un bon tour dans son sac pour plaire, d'autant plus que les
Cold War Kids proposent une musique vraiment unique.
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La chronique de Mine Is Yours
S'il fallait résumer mon année 2011 à son visage "pop-mignonne" (celle qu'on aime qualifier de "fraiche"),
Cults en serait la principale illustration. La voix enfantine de Madeline Follin calquée sur des mélodies fluettes, c'est que ça serait presque trop mignon pour vraiment être crédible. Au détail près que
Cults sait en faire un atout indéniable ; les chansons vont à l'essentiel et sont débarrassées de fioritures, si bien que l'album
Cults en devient une bulle pop tout à fait séduisante qui sait nous embarquer dans son univers aérien. Sans compter que l'album regorge de titres explosifs (l'ouverture
Abducted est une des meilleures de l'année).
Si l'album des
Black Keys ne se trouve qu'en cinquième position, c'est sans doute du à sa parution tardive (début décembre). Car
El Camino a tout d'un excellent album. Produit par Danger Mouse, celui-là même qui produit le single
Tighten Up sur le précédent album
Brothers,
El Camino emprunte le même chemin (oui c'était facile) où nombreux sont les titres irrésistibles (
Run Right Back), rapides, entrainants (
Lonely Boy), même quand il s'agit de calmer le jeu (
Little Black Submarines). Le tout est d'ailleurs plié en moins de quarante minutes, mais elles sont tellement intenses qu'elles sont justifiées.
Difficile de ne pas prendre en compte une quelconque attitude de fan dans le jugement d'un album de
Kasabian. Partons juste du principe que cet album, indépendamment de ses interprètes, a su me séduire assez pour ne pas entraver mon amour de ce groupe, ni même ranger le disque après deux jours d'écoutes. Avec
Velociraptor!,
Kasabian s'offre un voyage psyché-rock, encore plus pop que sur les albums précédents, plus mélodique aussi, et sans doute plus sérieux. Parce que cet album sait allier les titres charmeurs et quelques restes du
Kasabian des débuts, énervé et jouissif,
Velociraptor! s'usurpe objectivement pas sa position.
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La chronique de Velociraptor!
3
PJ Harvey
Let England Shake
Ma relation avec
PJ Harvey n'est pas franchement naturelle. Son univers m'a toujours paru trop brut, trop rock voire trop barré pour m'attirer vraiment. Il aura fallu que de nombreux classements encensent
Let England Shake pour que j'y jette une oreille curieuse, histoire de. Une bonne idée tant cet album est loin de ce que j'aurais pu attendre de la part de la chanteuse. L'effet de surprise est peut-être pour quelque chose dans cette position, mais le charme de
Let England Shake m'a réellement conquis, tant les compositions sont emballantes et magnifiquement progressives. Il y a toujours quelque chose qu'on n'attend pas et qui finit par nous rattraper, cet effet d'inertie dans les chansons qui font qu'on a bien du mal à se ne pas se faire avoir.
2
Noel Gallagher's High Flying Birds
Noel Gallagher's High Flying Birds
Que cet album de
Noel Gallagher semble facile... A l'écouter, on entend toutes les compositions qu'il a pu réaliser pour Oasis, et plus loin encore, un pan particulièrement parfait de brit-pop. Voilà pourquoi cet album qui n'est en rien révolutionnaire se trouve si bien placé :
Noel Gallagher nous abreuve de pépites pop parfaites, qu'on semblerait presque déjà connaitre, mais auxquelles on re-goûte volontiers. Le single
The Death Of You And Me en est un parfait exemple. On ne sait pas combien de temps cet artifice fonctionnera encore... En attendant, même si cet album ne surprend pas, on peut se réjouir qu'il soit bien réalisé.
Le grand gagnant de cette année est donc Belge. Lorsque j'ai appris que
Gotye publiait un successeur à l'excellent
Like Drawing Blood, j'ai espéré qu'il soit du même acabit.
Making Mirrors propose plus que ça : il confirme le talent de
Gotye et sa capacité à explorer de nombreux univers sans jamais se perdre.
Making Mirrors est d'un tel éclectisme qu'il oscille entre la parfaite chanson pop (
Somebody That I Used To Know avec Kimbra) et les tripatouillages musicaux (
State Of The Art).
Gotye est un génial touche-à-tout qui aime jouer des machines pour apporter un son spécial. Ces compositions sont des étranges patchworks qui ont le bon goût de ne jamais trop en faire, apportant juste une touche spéciale, telle une marque de fabrique imperceptible mais inratable. Placer en première position
Making Mirrors est peut-être une manière détournée de couronner l'artiste plus que l'album, mais puisque l'album est à l'image de l'artiste, il semble que ce choix soit le plus logique.
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La chronique de Making Mirrors
Musique Didjé
Et pour illustrer ce top et un peu plus, et devant mon incapacité à proposer un top singles, voici une playlist en forme de compilation. On y retrouve principalement des titres des albums du Top 10, et s'il avait fallu choisir un titre cette année, le match aurait été serré entre Noel Gallagher et Gotye.
Noel Gallagher's High Flying Birds - The Death Of You And Me
Gotye feat. Kimbra - Somebody That I Used To Know
The Black Keys - Run Right Back
Elista - L'Amour, La Guerre et L'Imbécile
Kasabian - La Fée Verte
Miles Kane - Rearrange
We Are She - Disco Phantom
Tahiti 80 - Darlin'
Cults - Bad Things
PJ Harvey - The Glorious Land
Girls - Vomit
Cold War Kids - Cold Toes
IAMX - Music People
Veronica Falls - Found Love In A Graveyeard