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Chroniques d'albums

Kasabian - Velociraptor! (2011)

Il y a certains artistes qu'on ne lâche pas. Kasabian fait partie de ceux-là, de ceux qui m'ont choppé un jour pour ne plus jamais me relâcher. Notez bien que j'aurais sans doute dit ça de Real2Reel il y a quinze ans... Pourtant, si c'est par le biais de leur premier album éponyme teinté d'arrangements électro qu'ils m'ont happé, Kasabian s'est efforcé depuis trois albums d'ouvrir ses horizons. Et d'avancer vers des contrées beaucoup plus psyché, emmenés par leur songwriter Serge Pizzorno, dit "Serrrrrrrge".


Les deux derniers albums en date, Empire et West Ryder Pauper Lunatic Asylum, avaient tracé la voie à ce Velociraptor!, oscillant entre bombes à retardement (au hasard, Shoot The Runner ou Underdog) et envolées pop-rock planantes, parfois géniales, mais parfois aussi un peu trop "faut que j'arrête de fumer du liquide vaisselle". C'est un défaut que ne semble pas avoir Velociraptor!, plus homogène que ces prédécesseurs, sans doute grâce aux accents de pop-psychés qui prédominent dans la majorité des titres.

Pourtant, les titres les plus pêchus comme Days Are Forgotten, single au lourd beat terriblement efficace, Switchblade Smiles aux reliquats électro ou le tendu titre éponyme Velociraptor! se chargent de rappeler que Kasabian sait emballer la machine quand il faut. Mais c'est bien une vague pop qui submerge l'album. Pizzorno y signe sans doute ses meilleures inspirations, balancées entre influences marquées british 60's et arrangements franchement bien sentis (Dan The Automator est passé par là) (enfin il a aussi arrangé l'album d'Anaïs) (bon bah j'ai rien dit alors). Il interprète d'ailleurs à merveille le génial et entêtant voyage qu'est La Fée Verte, ainsi qu'Acid Turkish Bath, gentil délire dont on sent d'ailleurs autant l'influence de la Turquie que des acides (et on ne parle pas de jus de citron). Tom Meighan n'est pas en reste, inscrivant parfaitement son accent marqué dans les ambiances que lui a dessinées Pizzorno : là où l'exaltée entrée Let's Roll Just Like We Used To est un modèle du genre, l'explosif Re-Wired constitue un parfait terrain de jeu pour sa gouaille.

La force de cet album est sans doute de nous embarquer dans sa fantaisie sans forcer. Même des titres plus anecdotiques, comme Goodbye Kiss ou Man Of Simple Pleasures, n'ont rien pour déplaire. Finalement, le comble est encore que les seuls morceaux qui peinent à nous emballer sont ceux qui lorgnent clairement vers des sons plus électroniques, que ce soit le sans relief I Hear Voices calqué sur une boucle moyennement inspirée, ou le final Neon Noon, qu'il serait injuste de qualifier de mauvais titre, mais qui a tout de cette fâcheuse manie à vouloir conclure un album par une ballade des plus lentes, justement rendue un peu plus relevée par des arrangements qu'on croiraient issus du premier album.

Mais rien de grave au final : Velociraptor! transforme l'essai de West Ryder Pauper Lunatic Asylum, réussissant même l'exploit d'évoluer encore vers quelque chose de différent, tout en dessinant un peu plus encore l'univers de Kasabian : hier orienté electro, aujourd'hui assurément psyché, mais toujours tonique. Il aurait été facile pour Kasabian de se vautrer dans la facilité, d'autant plus avec l'ampleur que le groupe prend aujourd'hui. Au lieu de ça, Kasabian continue d'avancer sans décevoir. Et un groupe qui ne déçoit pas, c'est toujours bon à prendre.

Tracklist
1. Let's Roll Just Like We Used To / 2. Days Are Forgotten / 3. Goodbye Kiss / 4. La Fée Verte / 5. Velociraptor! / 6. Acid Turkish Bath (Shelter from the Storm) / 7. I Hear Voices / 8. Re-Wired / 9. Man of Simple Pleasures / 10. Switchblade Smiles / 11. Neon Noon

Label : RCA, Columbia
Sorti le 16 septembre 2011
Écrit par mbfcs2 | Publié le 25 octobre 2011


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