Il ne faut pas croire que la synthpop est morte en 1986. Ceux, rares, qui ne sont pas déçus par cette information pourront sans aucun doute remettre leurs oreilles au son du cinquième album de Ladytron, Gravity The Seducer. Les quatre liverpudliens, dont le précédent album Velocifero était un parfait plaidoyer de pop synthétique, relance donc la machine avec ce nouvel album annoncé comme "Baroque'n'roll" (n'allez pas me demander ce que ça veut dire), après avoir sorti un Best of 00-10.
D'ailleurs, on retrouve sur ce recent Best Of le titre
Ace Of Hz, également présent sur
Gravity The Seducer. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on n'est pas surpris : la recette est la même que sur les grands titres de
Velocifero, les synthés sont toujours aussi présents et balisent les jeux de voix toujours aussi efficaces.
Ladytron aligne dans ce nouvel opus quelques morceaux qui empruntent la même voie, comme l'excellent
Melting Ice tout en montées, même si certains titres manquent un peu de finesse (
Mirage,
90 Degrees).
En fait,
Ladytron aurait pu se faciliter la tâche en proposant une nouvelle flopée de titres faits dans le même moule à faire des hymnes synthétiques aux gros sabots. Mais ce nouvel effort est empreint d'une certaine forme de légerté.
Ladytron retrouve ses vieilles amours, beaucoup de titres ont un côté aérien, épuré, sans pour autant verser dans le minimalisme. L'entrée
White Elephant assure d'ailleurs la parfaite transition entre les nuages de synthés et cette volupté entretenue par une rengaine tenace. C'est une atmosphère spéciale qui entoure cet album, si bien que les titres plus évidents comme
Ace Of Hz viennent presque s'y perdre. Dans cette brume électro, on se laisse prendre par le fragile et cristallin
Ambulances ou l'aérien
Altitude Blues. Les longues progressions, la résonance des voix d'Helen Marnie et Mira Aroyo arriverait presque à rendre le vaporeux
White Gold aussi inquiétant que magnifique, alors que d'autres titres se font plus incisifs et affirmés (
Moon Palace).
Dans sa revue de détail,
Gravity The Seducer s'offre même le luxe de placer deux titres instrumentaux (
Ritual et
Transparent Days), agréables sans être forcément indispensables, au contraire de la sortie Aces High, resucée discount de
Ace Of Hz. D'une manière générale, on pourra regretter que certains passages se perdent dans cette volonté d'apaisement, mais c'est la maigre mauvaise contre-partie d'un album plus ouvert et plus éthéré.
Gravity The Seducer laisse l'impression d'un agréable voyage. Leur récent Best Of a montré que
Ladytron a su évoluer ces dix dernières années ; avec
Gravity The Seducer, le groupe montre qu'il a de quoi donner encore de belles années à la synthpop.
Tracklist
1. White Elephant / 2. Mirage / 3. White Gold / 4. Ace of Hz / 5. Ritual / 6. Moon Palace / 7. Altitude Blues / 8. Ambulances / 9. Melting Ice / 10. Transparent Days / 11. 90 Degrees / 12. Aces High
Durée : 47:47
Label : RCA, Columbia
Sorti le 12 septembre 2011