TRACKLIST
1. Success / 2. Memory Serves / 3. Summer Well / 4. Lights / 5. Barricade / 6. Always Malaise (The Man I Am) / 7. Safe Without / 8. Try It On / 9. All Of The Ways / 10. The Undoing
Label : Pias /
Sorti le 6 septembre 2010
Autant le dire tout de suite, mes premières écoutes du quatrième album d'Interpol ont été plutôt décevantes. Pourtant, les premiers titres qui en avait filtré, entre le single Barricade et le téléchargeable Lights, permettaient d'en attendre quelque chose de bon, idée renforcée ça et là par quelques déclarations du groupe à vouloir revenir vers un son plus sombre, plus noir, que le précédent album Our Love to Admire. Car c'est bien le mal d'Interpol : remarqués avec Turn On The Bright Lights, confirmés avec Antics, aussitôt catalogués figure emblématique d'une pseudo-nouvelle scène cold-wave, ces quatre-là partent désormais avec l'idée qu'ils ne feront jamais mieux qu'à leurs débuts.
D'ailleurs, il semble bien que ce quatrième album n'ait pas réellement eu sa chance, trop vite comparé à ces prédécesseurs. Mais il serait bien dommage de ne pas s'y attarder un peu plus : la bande à Paul Banks, dont le bassiste Carlos Dengler qui livre ici sa dernière collaboration avec le groupe, sait encore broder des compositions de qualité. Certes, sans aucun doute, cet album n'est pas le plus abouti du groupe, mais on trouvera facilement de quoi se contenter.
Déjà parce que les recettes habituelles sont parfaitement maitrisées : on sent que si Paul Banks le pouvait, il se suiciderait une bonne trentaine de fois pour montrer à quel point
la douleur ça fait mal au fond de lui-même. Le travail sur les arrangements nous emmène bien dans cet univers, et on se plait à découvrir les échos du chanteur nous susurrant sa souffrance tout au fond de l'oreille droite.
Interpol, puisque c'est comme ça qu'il faudra appeler cet album, peut assez facilement se décomposer en plusieurs phases : le début a un côté plus pop, dans un triptyque amorcé par un
Success un brin fadasse peinant à décoller, un
Memory Serves qui pose les bases d'un Interpol lancinant et un
Summer Well agréablement entêtant. Si
Lights (
lire par ailleurs) se veut plus sombre à monter lentement sur le riff de guitare, s'embrasant sur cinq minutes,
Barricade est un single tout ce qu'il y a de plus classique, LE single obligatoire avec son clip pourri qui va bien, et où finalement est on bien content de s'enthousiasmer sur un refrain jouissif.
Parce qu'après, attention, phase 2 : c'est la déprime. En même temps, on ne va pas se plaindre, c'est un peu pour ça qu'on était venus.
Always Malaise annonce la couleur dans son titre : la chanson se veut minimaliste, Paul Banks marmonnant sur des nappes lointaines au bord du mal de mer, avant que le tout ne s'emballe un peu plus (emballer un mal de mer, j'ai eu une image bizarre en le tapant). On aimerait alors se raccrocher à
Safe Without, mais le titre manque sans doute de profondeur pour ça. Non,
Try It On est bien mieux pour ça ; s'il est vrai qu'il m'aura fallu plus d'une fois pour ne pas m'arrêter à la boucle infinie de piano digne d'un pré-adolescent découvrant un logiciel de création de musique, Interpol, le rythme inattendu et la gouaille de Paul Banks en tête, arrive à en tirer magnifiquement profit.
Mais que dire du final ? A mieux y regarder, ce groupe semble fait pour terminer des disques. Il faudrait ne faire que des albums de 3 chansons pour s'offrir les deux dernières (oui, on aurait pu directement faire un deux titres, mais c'est réservé aux musiques de tuning maintenant). D'abord
All Of The Ways, qui nous offre du pur Interpol, où Banks remplit de pleurs une centaine de nappes phréatiques à la seconde avant de se noyer d'épuisement dedans, dans une ambiance brumeuse portée par des accords plaqués. Enfin,
The Undoing, avec, attention !, quelques phrases d'espagnol au milieu d'un titre qui semble partir dans tous les sens, avant de prendre de l'ampleur et laisser les échos des
"Please, please" se noyer de plus en plus, parfait résumé de l'ambiance de cet album.
Alors, tous les détracteurs de cet album ont-ils besoin de cotons-tiges ? Évidemment non, et on doit bien reconnaitre quelques faiblesses à ce quatrième opus d'Interpol, ne serait-ce de la déception par rapport à l'attente qu'on pouvait en avoir. Pour autant, il serait dommage d'oublier la qualité de certains titres et la force qu'à ce groupe à en tirer la moindre émotion pour créer une atmosphère si spéciale.