TRACKLIST1. Pioneer To The Falls / 2. No I In Threesome / 3. The Scale / 4. The Heinrich Maneuver / 5. Mammoth / 6. Pace Is The Trick / 7. All Fired Up / 8. Rest My Chemistry / 9. Who Do You Think ? / 10. Wrecking Ball / 11. The Lighthouse /
C'est bien difficile pour moi d'avoir un avis objectif sur Interpol. Après un premier album sombre et parfait (ouais, j'hésite pas) Turn On The Bright Lights (TOTBL) et un deuxième plus enlevé Antics, ce troisième opus des New-Yorkais, intitulé Our Love To Admire, était attendu. D'abord parce qu'on attendait de savoir quelle direction pouvait prendre le groupe, s'ils arriveraient à se renouveler sans risquer de se perdre en chemin, mais aussi parce qu'on a tendance à vouloir absolument leur trouver des concurrents.
Il ne suffit que de quelques secondes pour se faire une impression qui collera jusqu'au bout. Les premières notes de
Pioneer To The Falls résonnent comme un titre de TOTBL, quelque chose de simple, de mélancolique à souhait, mais rien à voir avec du pathos. Certes, ça ressemble à un ancien titre, comme si on avait arrêté les précédents albums un peu trop tôt... mais franchement, bien difficile de s'en plaindre. La chanson parait simple, presque désarmante (ouah ça pète ça), avec un passage a cappella qui laisse prendre toute la force de la voix de Paul Banks.
No I In Threesome se rapproche plus d'une fin de
Antics, quelque chose dans la veine d'un
Not Even Jail, un titre toujours aussi mélancolique mais plus enlevé. Enfin, quand on dit plus enlevé pour Interpol, ça reste loin d'une envolée lyrique à coups de batteries massifs... On est du reste déjà bien plongé dans cette ambiance si particulière qui entoure les albums d'Interpol. Et si toutes les chansons semblent être tirées de la même fibre, aucune n'est vraiment semblable à l'autre :
The Scale est porté par la voix de Banks, sur, une fois encore, une ligne de basse très classique, avec quelques passages de guitare qui sont loin d'être des solos de métal, mais qui ont toute leur place dans ce genre de titre.
Du coup, le single
The Heinrich Maneuver fait figure d'OVNI : c'est clairement le titre le plus rythmé, à la manière d'un
Evil, certainement calibré pour lancer le titre en radio et accrocher l'oreille du jeune auditeur en quête de bon son baby. Rien à enlever cependant à ce titre, qui montre que le groupe sait faire autre chose que des ballades dark-wave (le mot est lâché), sans pour autant renier son style. Mammoth prend un peu le même chemin, plus rock que les trois premiers titres, plus rapide aussi, mais toujours aussi mélancolique, et surtout une montée finale à laquelle il est difficile d'échapper (enfin faut rentrer dans le jeu, je me doute que les fans de Rihanna y seront sans doute moins sensibles). Le début de
Pace Is The Trick semble être calqué sur
Pioneer To The Falls, et finalement se rapproche de
The Scale : des couplets très simples, et des montées sur les refrains, où Paul ose chanter, avec de la voix, et des notes ! Et ça marche, même très bien ! La mélodie fait partie de celles qu'on prend le matin au réveil pour ne plus la lâcher, au grand désespoir de ses voisins et de ses collègues.
All Fired Up clôture la partie centrale, plus rythmée, de
Our Love To Admire. Banks y chante vraiment, on y découvre mêmes des rythmes changeants (enfin c'est très léger, faut pas pousser), le titre paraît presque différent à jouer sur les tempos et surprend à ne jamais proposer de passage lent. L'album se poursuit avec
Rest My Chemistry, qui est d'ailleurs un des plus appréciés à en croire les kikoo - commentaires, et qui reste très linéaire, reprenant les bases classiques d'un titre à la sauce Interpol.
Who Do You Think ? veut justement s'échapper de cette recette si classique, mais s'y perd justement, pour ce titre qui passe bien dans l'ensemble de l'album mais qui a finalement peu à faire valoir en single.
Wrecking Ball profite d'arrangements impeccables pour venir finir l'album en douceur, et replonger dans la mélancolie du début d'album, dans un tempo là encore très linéaire, mais qui sert complètement le titre. On n'échappe pas - et sans que ce soit un reproche - au final à base d'accords plaqués, mais qui là sont enrichis de coups sourds et de choeurs, amenant vers
The Lighthouse qui clôture l'album. L'ambiance y est très particulière, empruntant au style western ses guitares, avant de venir enrober la voix de Banks.
Alors oui, c'est sûr, j'aurais eu du mal à descendre un album d'Interpol... mais si on peut leur reprocher de ne pas vraiment varier leur style, on peut difficilement dire que ces chansons sont dénuées de talent.
Our Love To Admire est en quelque sorte le pont qu'il manquait entre
TOTBL et
Antics, toujours aussi mélancolique mais tendant parfois vers des titres plus enlevés. Si ça ressemble aux précédents albums et que ceux-ci étaient si bons, pourquoi s'en plaindre ?
Clips
The Heinrich Maneuver
No I In Threesome
Mammoth