Hop hop hop, il est encore temps d'attraper 2013 par la pointe des orteils pour en dresser un bilan musical, une fois de plus, complètement personnel. Ce n'est plus un secret depuis longtemps, les articles ont pris la poussière et les mises à jour sont encore moins chaudes qu'un stade Lillois. Mais je tenais, aussi tard paraisse cet article, à entretenir la tradition de la rétrospective musicale de l'année qui vient de s'écouler...
Une année qui, une fois encore, n'aura pas été riche en grands albums pour mes oreilles. L'exercice veut que je classe les albums sortis en 2013, mais ce ne sera que peu représentatif du son qui a bercé mes douze derniers mois... et quelques jours. Pour ce cru, j'ai décidé de jouer à fond la carte du ressenti. Comme j'ai pu le préciser les années précédentes, l'idée d'un tel classement est de pouvoir retrouver tout le contenu d'une année dans une liste. Aussi, vous ne vous étonnerez pas de ne pas trouver de grandes considérations musicales, le peu de culture musicale que j'ai s'étant fait largement bouffer par les souvenirs et les émotions. En gros, si vous voulez vous assurer une bonne place l'an prochain, pensez à sortir votre album le jour d'une victoire bordelaise.
2013 s'annonçait pourtant comme une grosse année : bon nombre de mes groupes préférés - mes "best friends forever" - avaient décidé de donner de leurs nouvelles, sans compter qu'
Interpol avait toujours
Turn On The Bright Lights. Au rayon des déceptions, on trouve
Deportivo, qui nous rejoue le coup du troisième album : un single qui promet beaucoup trop pour ne pas être déçu du reste. De l'autre coté de l'Atlantique,
Hearthhrob aura été l'album qui m'aura définitivement séparé de mon amourette adolescente pleine de boutons pour
Tegan & Sara. Parce que je veux bien avoir 16 ans encore, mais faut pas non plus déconner, à un moment je peux plus me prendre pour Dawson. Une remarque qui vaut aussi pour
Big TV, le nouvel album des
White Lies, avec qui je n'ai finalement jamais accroché plus de trois chansons, celles du premier album.
Sans vraiment rater leur coup,
Action Dead Mouse ne parvient pas à rééditer son coup de 2009 avec
ä : si les compositions sont toujours aussi joliment alambiquées, il semble que cette fois le charme fasse moins d'effet.
Right Thoughts, Right Words, Right Action, le quatrième album de
Franz Ferdinand, pourtant pas désagréable, est ressorti aussi vite qu'il est entré et il n'a pas demandé à revenir. Vous ne trouverez pas ici trace du phénomène
Arcade Fire : il semble que l'excès de buzz m'ait tué l'album avant même sa sortie et que tout était décidé avant même qu'on ne puisse l'entendre. Y compris ma motivation, et même si le single
Reflektor reste un des titres de l'année, j'ai eu du mal à retrouver de l'émotion et suis resté sur ma faim. Je place ici une spéciale dédicace pour l'album de
Daft Punk que je place désormais aux côtés de
Neil Young dans les plus grandes énigmes des succès musicaux.
Enfin, il y a ceux qui y étaient presque : l'album d'
Everything Everything est beaucoup trop bizarre pour moi ;
The Unified Field d'
IAMX atteint peut-être les limites du concept qui peine à se renouveler (j'ai tenu 5 albums quand même), ou peut-être dans un style qui ne me correspond plus autant ; le premier effort d'
Helen Marnie, chanteuse de Ladytron et qui avait une belle carte à jouer, n'a pas réussi à concrétiser ses belles promesses, mais ce n'est peut-être qu'un rendez-vous manqué - ça ne serait pas la première fois, on se reverra dans quelques années.
Alors voilà les 10 qu'il reste, dans ces jours de janvier, comme une photographie instantanée de l'année qui vient de s'achever. On parie qu'elle va jaunir avec le temps ?
Oui alors bon le classement
Je n'ai jamais été un grand fan des Arctic Monkeys, mais il faut croire que leur son un peu plus sage et posé et le matraquage de la fin d'année a joué pour eux. Plusieurs écoutes à la sortie (dont les deux premières se sont soldées par un endormissement en règle), et finalement il en reste quelques titres (
One For The Road,
Do I Wanna Know,
R U Mine), et quand on retient des titres, c'est toujours un bon signe... même si ce sont des singles. Et puis la coupe d'Alex Turner n'y est sans doute pas pour rien.
La classe, c'est aussi de ne pas chercher à faire n'importe quoi sous prétexte qu'on est un grand nom. David Bowie livre un album qui joue sur la finesse, qui n'envoie peut-être pas du rêve à grandes enjambées mais qui crache des mélodies imparables et des chansons plutôt réussies. Sa voix reste magique et donne vie à ses paroles d'une manière inimitable,
The Stars Are Out Tonight,
Valentine's Day ou
How Does The Grass Grow? sont là pour en témoigner. "Oh Bowie", comme dirait Jean-Marie Bigard.
8
Depeche Mode
Delta Machine
La logique aurait voulu que ce quatorzième album studio de
Depeche Mode fasse l'objet d'une chronique de vingt mètres de long. La résumer en quelques lignes relève un peu de l'exploit. Disons simplement qu'une fois oubliées les multiples et habituelles comparaisons avec les anciens albums, les attentes d'un nouveau tube international qui n'arrivera sans doute plus jamais, on se plait à écouter un groupe qui en a encore un peu sous la semelle. Tout n'est pas flamboyant, et
Delta Machine n'est pas dénué de faiblesses ou de mélodies pas vraiment transcendantes. Mais c'est un plaisir de retrouver ces trois-là sur certains titres plus fouillés (
Secret To The End), plus profonds (
Alone) ou plus jouissifs (
Soothe My Soul).
7
Queens Of The Stone Age
...like Clockwork
Plus on avance dans ce classement, et plus il semble évident que les albums cités ici ont tous un point commun : ils font suite à des albums incontournables avec lesquels il est quasiment impossible de tenir la comparaison.
...Like Clockwork des
Queens Of The Stone Age ne fait pas exception, et c'est vraiment à la lumière de plusieurs écoutes qu'il devient meilleur. Parce qu'inconsciemment, on attend tous des tubes imparables comme la bande de Josh Homme a su en pondre dans sa carrière, et qu'aucun titre ne remplit immédiatement ce rôle, à peine le single
My God Is The Sun verse-t-il dans l'attendu. En revanche, la frénésie de
Fairweather Friends, l'élégance de
The Vampyre of Time And Memory ou encore la langueur d'
I Appear Missing font de
...Like Clockwork un bon cru.
La présence de
Suede ici relève plutôt de l'inattendu. Groupe quasiment absent de ma sphère musicale, c'est un peu par hasard que j'en viens à
Bloodsports, bien après la bataille. Mais c'est que Brett Anderson a encore des choses à nous dire, et cet album réserve d'agréables surprises en dépit d'un son à la limite de la saturation, à commencer par
What Are You Not Telling Me? et
Faultlines qui terminent l'album magnifiquement (garder le meilleur pour la fin, c'est un risque mais c'est souvent payant). Pas de gros titre incontournable, mais 10 titres qui ne laissent pas le temps de s'ennuyer.
Après plusieurs années d'absence, on ne savait plus trop quoi attendre des belges de
Girls In Hawaii. Eux qui souffrent du syndrome du premier album référence en avaient perdu plus d'un en rendant leur son un peu plus agressif dans leur deuxième album.
Everest se propose donc comme une compotée du meilleur des deux, qui allie la douceur et l’énergie, ouais, quand je parle on dirait presque une pub pour du camembert. D'ici sortent forcément des titres marquants comme
Misses,
Not Dead ou
Switzerland, et
Girls In Hawaii arrivent parfaitement à nous emballer dans leurs compositions. On trouvera peut-être que l'album manque d'unité, mais il aligne encore une fois une belle plâtrée de morceaux prenants.
Je pourrais encore une fois passer mon temps à pleurer les albums de
Biffy Clyro que j'aime tant, ceux qui proposaient des titres 4 en 1, faits de rebonds et de surprises. Mais il faut reconnaitre qu'en mettant de l'eau dans leur bière, les Écossais ont ramassé les foules. Alors quand ils annoncent avoir assez de titres pour réaliser un double album, on se dit qu'il s'agit plutôt là de séparer les idées plutôt que de tout réunir au même endroit. Forcément, en 4 minutes et trois refrains à placer, on se limite un peu plus dans les envolées barrées, et on risque plus facilement de tomber dans les travers de la facilité (pffff, écoutez donc
Wooo Wooo...) ; mais on trouvera sur
Opposites des titres à en remuer la tête (
Victory Over The Sun,
Modern Magic Formula,
Accident Without Emergency). Bien assez pour s'en contenter.
>
La chronique d'Opposites, c'est vrai que j'avais écrit ça moi
Bastille est le symbole de l'arlésienne indie de 2006, celle qu'on cherche encore et encore aujourd'hui dans chacun des artistes qui s'en approcherait, même un tout petit peu. J'osais espérer que dans ce groupe, découvert comme par hasard dans la playlist de MTV Rocks, allait me rapprocher un peu plus de cette course vaine vers de nouveaux "groupes du siècle". Si on n'en est pas là,
Bad Blood reste un album de qualité, lancé par l’imparable single
Pompeii. Là dessus, on vient greffer quelques titres avec des mélodies efficaces (
Bad Blood,
Icarus), des gimmicks à reprendre facilement (
Things We Lost In The Fire) et des tubes pop cousus de fil blanc (
Laura Palmer).
Bad Blood a clairement ses faiblesses, quelques compositions en-dessous et assez peu de variations dans le thème, mais l'ensemble est au final un très agréable album de pop qui fait taper du pied.
2
Editors
The Weight Of Your Love
On avait annoncé ce quatrième album d'
Editors comme un retour aux sources, mais encore fallait-il savoir lesquelles, tant les anglais ont eu le temps de souffler le chaud et le froid avec leurs trois premiers efforts. Le guitariste Chris Urbanowicz ayant quitté le groupe, on s'attendait à une resucée de
In This Light On This Evening, dernier album en date, plus axé sur les synthés que jamais. Mais
Editors surprend, et si le son n'est sans doute plus aussi noir qu'avant, la qualité des chansons n'est plus à démontrer. D'accord, certains titres sentent bon la rotation intensive sur RTL2 (le single
A Ton Of Love et ses "Desiiiiiire") et le titre
Nothing est d'une mièvrerie absolue (placée en plein milieu, tu peux pas le rater, ça permet d'aller faire un ti'pipi), mais la bande de Tom Smith signe là ses deux seuls faux-pas. A vrai dire, cet album s'écarte de plus en plus de la case indie dans laquelle on a tant tenté de les placer, pour s'orienter vers un pop-rock de qualité. Oui, j'avoue, j'ai de nombreuses fois comparé les teintes de cet album à des groupes 80-90, et combien de fois j'ai cru entendre Cock Robin ici... Mais après tout, est-ce un problème ? Ce disque est d'une profondeur rare, et comment passer à côté d'un titre aussi magnifique que
Sugar ?
Et hop, tu les as pas vu venir ceux-là. C'est que
To Win The World, le troisième album des internationaux de
Puggy (ok, ok, "des Belges") n'a pas réellement transpercé les sommets des charts et des classements de fin d'année (oui, c'est aussi ça l'intérêt des classements publiés en février). Seulement, ce disque a tourné plus qu'à son tour cette année, et pour une bonne raison : il fait du bien aux oreilles. Ce disque est rempli de bonnes intentions, de chansons qui donnent le sourire et qui donnent envie de chanter à tue-tête un peu n'importe quoi. Franchement, faire les
piou-piou de
Last Day On Earth, reprendre le final de
Everyone Learns To Forget, jouer au Daft Punk Leader Price en se pinçant le nez sur la fin de
Move On, faire des cris de pucelle sur
Love That Feeling, c'est assez jouissif. Peut-être est-il tombé au bon moment, plus surement, il s'agit d'un des rares albums de l'année qui m'a donné envie d'y revenir à plusieurs reprises. C'est ici qu'intervient indubitablement le critère absolument subjectif d'un tel classement, et des racines pop voire variétoches, osons le mot, qui me caractérisent.
To Win The World est sans consteste un des rares albums qui ne m'a pas déçu, et il a su apporter un peu de légerté. Ça suffit à lui attribuer cette place.
Musique Didjé
Pour illustrer cette année, voici une playlist d'un peu plus d'une heure pour résumer ce classement et voir un peu plus loin. J'ai donc choisi un titre par album du Top 10, et certains choix m'ont paru évident tant I Appear Missing des Queens Of The Stone Age, Sugar d'Editors ou Someone Makes No Sound de Puggy sont des titres pour lesquels j'ai eu de vrais coups de cœur.
A côté de ça, le retour de mon flirt d'adolescence MTV2, qui, en vieillissant, est devenue MTVRocks, a teinté assez fortement ma fin d'année. Voici donc le joliment folk
Riptide de
Vance Joy, l'entêtant
Carry Me du
Bombay Bicycle Club (une chance que j'accroche cette fois ci ?), l'énervé
Sail de l'OVNI
AWOLNation, évidemment le supra-pop
Girls des
1975. Eh, vous plaignez pas, je vous ai épargné les Killers et Jared "JUMP ! LOVE !" Leto !
Enfin, vous trouverez le très bizarre
Cough Cough d'
Everything Everything, en guise de dédicace à mr.suaudeau qui a récemment décerné ses Suaudeau Awards avec un
Top Singles et un
Top Albums.
Editors - Sugar
Queens Of The Stone Age - I Appear Missing
Girls In Hawaii - Switzerland
David Bowie - How Does The Grass Grow?
Depeche Mode - Soothe My Soul
Suede - Faultlines
Puggy - Someone Makes No Soud
Biffy Clyro - Victory Over The Sun
Arcade Fire - Reflektor
Arctic Monkeys - One For The Road
Bastille - Pompeii
The 1975 - Girls
Band Of Skulls - Asleep At The Wheel
AWOLNation - Sail
Vance Joy - Riptide
Bombay Bicycle Club - Carry Me
Everything Evrything - Cough Cough
Marnie - Laura
Allez, à l'année prochaine pour savoir qui d'Interpol, Kasabian ou The Maccabees sera premier.