TRACKLIST1. In Chains / 2. Hole To Feed / 3. Wrong / 4. Fragile Tension / 5. Little Soul / 6. In Sympathy / 7. Peace / 8. Come Back / 9. Spacewalker / 10. Perfect / 11. The Truth Is / Miles Away / 12. Jezebel / 13. Corrupt /
4 ans, c'est la durée forfaitaire entre deux albums de Depeche Mode. 4 ans, c'est juste assez pour une tournée, un break, des projets solos et surtout pour faire ergoter les fans autour de quelques démos chopés dans le fond sonore d'un bar de Santa Barbara. Pour ma part, j'avais fait le choix de ne pas céder aux fuites sur le web (malgré des relances appuyées) pour découvrir Sounds Of The Universe, douzième album studio du trio anglais. Un album annoncé comme un retour aux sons analogiques, dans l'ambiance années 80 des premiers albums, voie que l'album précédent (Playing The Angel) avait pas mal défrichée.
Plus exactement, l'album semble être un mix improbable entre les sons synthétiques de
Playing The Angel et l'éléctro-minimaliste de son prédécesseur,
Exciter, album controversé du groupe par son son bourré de click'n'cuts et de guitares crades. D'ailleurs,
Sounds Of The Universe (
SOTU pour les intimes) hérite de cette dernière critique, qui rend certainement l'album moins accessible de prime abord (j'aime bien le caser le "prime abord") et lui vaut un rejet de la part de nombreux fans (rejet que l'on peut modérer par la nostalgie de certains vis-à-vis du départ d'Alan Wilder il y a... 16 ans). Mais s'il évident qu'on y retrouvera pas le son pop des années 90, ni même des hymnes synth-pop naïfs à la sauce années 80,
SOTU a le mérite de proposer un mélange original entre un son à l'ancienne aux arrangements d'aujourd'hui, saupoudré de caramel
DepecheModien. Et des fois, ça colle aux doigts.
La majorité des titres de cet album est basé sur un gimmick, sorte de riff de synthé ou même mieux, d'un mot claqué à l'envi comme dans le premier single
Wrong, peut-être la chanson la plus enlevée de
Sounds Of The Universe. Single étonnant mais efficace à la longue, sorte de rap mou à la sauce électro-rock, emmené par les chœurs de Gore sur la fin du titre. On retrouve un fond sonore électro-crado sur des titres comme le grave
Fragile Tension, le classique
In Sympathy ou le final
Corrupt qui valent essentiellement pour leurs refrains mélodieux où se marient les voix de Gore et Gahan (qui, il faut le souligner, assurent toujours autant de ce côté là). D'une manière générale, la bonne surprise de
SOTU est due à la présence plus importante que jamais des choeurs de Martin Gore, renforçant les jeux de voix, comme sur
In Chains, l'intro lancinante où les deux se partagent la tâche d'entonner le titre sur un fond de piano pour enfants (puisque notre ami Martin Gore aurait profité de l'enregistrement de l'album pour enrichir sa collection d'instruments - pour arrêter de boire aussi, mais bon ça ne nous regarde pas).
Little Soul, chanson lente - trop pour certains - au refrain angoissant, agréable mais qui ne décollera pas, est là aussi l'occasion de mélanger les voix. Peut-être une compensation au fait que Martin Gore n'endosse le rôle de chanteur principal que sur
Jezebel, titre qui montre encore une foi(s) que Martin connait bien sa Bible [
1] mais aussi son chant ; sur un tempo façon
zouk Suisse, il amène encore une fois ses trémolos (trémolii ?), même si on peut regretter que le titre ne s'envole vraiment. On oubliera vite fait le
pour-une-fois inutile et inconsistant instrumental
Spacewalker, zou.
Comme sur
Playing The Angel, Martin Gore a laissé l'occasion à Dave Gahan de caler trois chansons (co-écrites avec Christian Eigner et Andrew Phillpott), trois titres où on sent que Gahan s'éclate au chant, variant les plaisirs : le lourd, prenant, et de mon point de vue très réussi
Hole To Feed, qui sur une rythmique bien martelée monte en puissance ;
Miles Away / The Truth Is où Gore apporte son soutien sur un refrain fort, et où Gahan semble se croire en live ; et
Come Back, titre tout droit dans la lignée de l'album Solo de Gahan
Hourglass, plus lent mais plus dense aussi, traînant un peu des pieds, qui a mis bien plus de temps à me convaincre.
Difficile néanmoins d'imaginer que cet album puisse ravir tout le monde, notamment parce qu'il manque cruellement de chansons faciles, celles qui restent dans la tête à la première écoute ; il faut laisser cet album s'installer, et il est compliqué d'imaginer que chacun prendra 10 écoutes pour apprécier
Sounds Of The Universe. Le second single,
Peace, aurait pu avoir des airs d'hymne synth-pop pour rassembler autour de
SOTU, avec son intro pompée sur
See You, un titre de 1982 de la pleine période électro-naïve du groupe, et sa petite montée qui ressemble à s'y méprendre à celle de
Into The Galaxy des Midnight Juggernauts (il suffit de comparer Peace à cette
vidéo, même si on ne peut pas dire que cette montée soit très originale), mais le titre semble une vraie plaque de verglas sorti du contexte de l'album.
En définitive,
Sounds Of The Universe tente le pari de mélanger une approche analogique avec la production actuelle, et le côté minimaliste qui en résulte semble parfois avoir le deuxième effet kiss-cool : si les refrains, les mélodies et les arrangements sont mis en avant, certains passages paraissent plats et pas franchement excitants. Loin d'être un mauvais album,
SOTU ne sera pas non plus une compilation de hits incontournables, mais complètera la carrière éclectique de Depeche Mode.
A noter que
Sounds Of The Universe est disponible en version coffret, comprenant quelques remixes (qui confirment mon idée sur les remixes : je ne comprends toujours pas l'interêt) mais surtout des demos de 14 titres dont 5 de
SOTU ainsi que 5 faces B. Les demos apportent un éclairage différent sur certains précédents hits de DM, comme une version épurée de
Little 15 ou une pas-si-mal-que-ça version boite à rythmes de
Walking In My Shoes.
Quant aux B-Sides, si on passe sur l'instrumental
Esque qui vaut à peu près
SpaceWalker, on retrouve une co-composition Gahan/Gore pour un
Oh Well un peu trop étiré à mon goût mais tout à fait valable comme B-Side, un titre 100% Gore avec un joli
The Sun and The Moon and The Stars (qui fait penser à ses
Counterfeit, projets solos de reprises à la sauce Martinou), un
Ghost qui rappelle dernières faces B du groupe, qui aurait pu figurer sur l'album épuré de ses passages instrumentaux à rallonge, tout comme
Light, qui semble le titre plus abouti des faces B, et qui sans sa rythmique piquée à Scooter, aurait pu être une ballade à repeindre les murs un dimanche matin.
Clips
Wrong
Notes du bas de la page (ou un peu avant)[1] ou qu'il regarde le foot sur Direct8, mais j'y crois moins.