Quelques jours après avoir chroniqué leur dernier album Intimacy en tentant de souligner que sous les nouvelles teintures aux accents électro du groupe il restait toujours le talent qui transpiraient de leurs deux premiers albums, le concert de Bloc Party à l'Olympia, ce 10 février, était l'occasion de voir dans quel état d'esprit se présentait le groupe.
Timing juste, quartier définitivement fait pour autre chose que les voitures, perte réglementaire dans les rues de Paris à l'approche de la salle puis quatre ou cinq tours identiques qui, à défaut de nous offrir une place, nous offrait au moins la vue sur la devanture des sex-shops, c'est avec une demi-heure de retard sur l'horaire annoncé sur le programme que nous arrivons dans la salle de l'Olympia. Un mal pour un bien, évitant à la fois l'attente et les flyers pour des groupes qui n'existeront plus dans deux mois. A la faveur de la fin de la première partie de
Delphic (dont nous ne verrons donc que le joli logo laissé sur scène), le placement en fosse est relativement bon, proche de la scène sans être dans les premiers rangs, favorisé sans doute par cette salle toujours aussi magnifique et surtout irréprochable pour la tenue de concert, une précision qu'on aimerait pas avoir à relancer tout le temps.
Après les 20 minutes d'entracte offerts par l'Olympia, puis les sifflets aussi stridents que ridicules au bout de 21 minutes, les lumières s'éteignent. Sons
futurs-laser-techno, lumières violettes,
la bande de Kele Okereke fait son entrée sur scène devant un public
jeune mais pas trop survolté. Un
"Salut", ou plutôt
"Salout", premiers mots d'un Kele qui n'aura cesse de placer deux trois mots de français dès que possible, s'excusant toujours de sa mauvaise qualité, et les notes d'
Intimacy, avec
One Month Off et
Trojan Horse retentissent. La couleur est annoncée, non seulement le set aura le bon goût de pencher vers les miens, mais les quatre en sont toujours à envoyer du pâté sur scène. Ma peur de voir Kele mâchouiller un chant est vite envolée et mieux que ça, il assure complètement. Les arrangements des chansons d'
Intimacy sont parfaitement retranscrits, et même si les chansons sonnent plus rock en live, on retrouve les effets des versions studio sans qu'ils ne soient ridicules.
Six, c'est le nombre de chansons qu'a attendu
Matt Tong pour enlever le haut, acclamé par le public, connaisseur, qui aura fait sienne la première chanson issue de
Silent Alarm,
Positive Tension et son
"So fucking useless" repris en choeur. Bloc Party se donne à fond, Kele a vraiment l'air de s'éclater et se donne à fond,
Russell Lissack est concentré à fond sur son jeu, lâchant derrière sa mèche quelques sourires lors de l'avancée un peu tortueuse de Kele au devant de la scène,
Matt Tong frappe comme un malade et est déjà en short, et
Gordon Moakes assure la basse, mais aussi les choeurs et le xylophone. Le concert monte en puissance, attaquant un génial enchaînement
Song For Clay (Disappear Here) /
Banquet, forcément attendu et là aussi repris par le public.
Comme pour me faire plaisir, le groupe n'a pas oublié son
Two More Years qui a le mérite de permettre à chacun de récupérer, ni même
Where Is Home ?, chanson que je pensais pourtant être le seul à apprécier, et qui ne produit pas malheureusement pas en live autant d'effet. On n'oubliera pas quelques classiques de
Silent Alarm qui produisent toujours l'effet escompté, surtout lorsqu'ils dégorgent de toute leur puissance en live.
Like Eating Glass monte progressivement avant de tout emballer sans jamais sombrer dans la cacophonie (on remarquera au passage la qualité du son, jamais brouillonne et laissant la place à chacun des instruments), et après un larsen faussement pesant (fera, fera pas ? bien sur que fera) lors du premier rappel,
Helicopter est enclenché, les pâles s'élancent et tout le monde fait d'un coup sécher très fort ses cheveux (d'ailleurs j'ai compris pourquoi Kele portait une coupe si courte).
Bloc Party navigue sans problème entre ses trois albums, Matt dansant en caleçon sur scène sur l'entrée de
The Prayer, le retour du rappel attaquant avec un
Sunday pas franchement reversant mais qui aura le mérite de proposer un duo de batterie entre Matt et Gordon. Côté
Intimacy,
Halo démontre tout son potentiel rock, mais c'est surtout du côté des titres plus électro que Bloc Party surprenant, Kele utilisant en live un sampler, en jouant au pied, mais sans en abuser, ce qui rend son utilisation encore plus remarquable. Les lumières assurent bien le relais en jouant les épileptiques, Kele annonce un titre
"emo-discothèque" sur Flux où Gordon est parti à la console, et le second final débute avec Ares, repris par le public (ce qui est quand même plus étonnant) où Gordon joue d'un pad de batterie électronique et Kele est soudainement devenu un
MC Okereke sautillant et sans guitare.
Terminant sur le classique
This Modern Love, Bloc Party a profité de son concert dans la salle parisienne de "Edith Piof" pour montrer qu'ils savaient toujours envoyer du pâté comme il faut. Surtout, ils sont aussi bons sur leurs nouveaux titres que sur les anciens, sur les plus calmes comme sur les plus enlevés, offrant du coup du vent neuf à leur catalogue. Surtout, ils ont la patate et le talent, et forcément, avec ça, on se débrouille déjà bien.
One Month Off
Trojan Horse
Hunting For Witches
Positive Tension
Talons
Waiting For The 7:18
Song For Clay (Disappear Here)
Banquet
Where Is Home ?
Two More Years
Mercury
Like Eating Glass
The Prayer
Sunday
Halo
Flux
Helicopter
Ares
This Modern Love