Le monsieur est connu, puisqu'il est le chanteur de Radiohead. Plus que ça, Thom Yorke est la tête pensante du groupe, participant aux artworks, et imposant sa patte sombres sur les chansons du groupe.
The Eraser est son premier album solo, tel un Martin Gore moins frisé, qui n'annonce en rien la fin de Radiohead, juste une incartade pour se faire plaisir (manquerait plus qu'il s'y soit emmerdé).
La plupart des titres tirent vers le minimalisme absolu, avec une rythmique facilement faisable avec une boîte de tic-tac et deux cuillères en bois. Les mélodies sont elles aussi très discrètes, mais surtout pas inexistantes. Au fil des écoutes, elles se font même prédominantes, et le chant de Yorke prend toute son ampleur (
Wouh elle en jette ma phrase !).
Le premier titre éponyme,
The Eraser donc, donne d'ailleurs le
la, avec un gimmick mélodique collé à des sons electro minimalistes, à la limite du trip-hop, avec quelques notes de piano.
C'est d'ailleurs une bonne partie des neuf titres de l'album qui sont dans le même registre, à commencer par
Analyse, sans doute une des plus poussée dans la mélodie, mais dans une production toujours aussi minimaliste qu'impeccable.
C'est le cas également du premier single extrait de l'album,
Black Swan (rien à voir avec Philippe) ou encore de
And It Rained All Night ou du superbe
Harrowdown Hill qui réussit à jouer sur la voix pour faire vivre la chanson sur une rythmique completement linéaire.
Le reste de l'album joue plus sur la carte de la musique expérimentale, comme sur
Cymbal Rush, où, s'il n'y a encore rien à reprocher à la voix de Thom Yorke, le fond est digne d'une conversation avec des martiens;
The Clock nous offre des vocalises boostées par une rytmique omnipresente, tout le contraire d'un
Atoms For Peace où c'est vraiment Yorke qui porte la chanson. Enfin,
Skip Divided et son chant un brin stressé, monocorde et grave ferait presque penser à une incantation indienne.
En clair,
The Eraser s'impose comme un album réussi, très minimaliste, mais qui crée parfaitement un univers dans lequel Yorke nous emmène. L'ensemble est un peu repoussant au début, c'est pas non plus le disque le plus gai de la Terre. C'est presque tout plein de click'n'cuts, ça n'a pas l'air plus poussé que ça à l'écoute (alors que ça l'ait bien plus qu'on pense, suffit de mettre l'autre oreille). Bref, un disque franchement miam, à conseiller fortement aux amateurs du genre.
_