Peut-on reprocher à un artiste de proposer quelque chose de nouveau ? C'est en substance la question que pose Given To The Wild, troisième album des Maccabees. The Maccabees, c'était un peu un des derniers espoirs de voir subsister cette brit-pop-rock nouvelle génération, un des groupes qui nous raccrochent encore à cette pop vitaminée des années 2000. Mais voilà, avec Given To The Wild, le groupe emmené par Orlando Weeks prend un tout autre virage, finalement très éloigné de Wall Of Arms, leur dernier album paru il y a trois ans et auquel j'ai beaucoup de mal à reprocher quoique ce soit...
Bon, là je placerais bien une petite blague sur le nom du groupe. Admettons :
The Maccabees ne sont pas morts pour autant. Oubliés les titres imparables aux refrains incisifs des deux premiers albums,
The Maccabees dépeignent ici un univers plus velouté, plus enveloppé, voire plus aérien. On peine presque à trouver des phrases magiques ou des riffs qui font mouche. Parce que cet album est déroutant à plus d'un titre (en effet, y en a 13. Merci pour tout.). Il n'est pas négligeable de dire que
Given To The Wild gagne à être écouté plus d'une fois, mais encore faut-il avoir envie de lui donner une seconde chance.
A vrai dire, les chansons ne sont pas forcément déplaisantes, elles sont juste plus posées, si bien qu'on pourrait être tenté de descendre du train en pleine marche. Les montées en puissance sont moins expéditives, mais pas forcément moins intensives : le groupe aime nous servir des titres qui surposent les couches avant de décoller réellement. A ce jeu là, il ne faut pas cacher qu'il y en a pour tous les goûts, entre les morceaux qui donnent vraiment envie de se laisser faire (le sussuré
Slowly One, l'emballant
Ayla avec son intro de standard téléphonique, le final Arcadefiresque
Grew Up At Midnight) et ceux, pas forcément désagréables mais un peu trop nombreux, qu'on aurait préférés écourtés (le doux
Glimmer,
Went Away).
Les effets sur la voix d'Orlando relèvent plus souvent de la truelle que de la pince à épiler : la réverb sur le pourtant très bon
Unknow, et son final aux vocalises féminins a quelque chose de mystique. Le single
Feel To Follow attaque sur une voix aiguë un brin bizarre, avant de résumer l'album en soufflant des rythmes chaud et froid, un peu comme sur
Forever I've Known, un de mes préférés par sa chaleur et ses multiples rebonds. Il n'y a bien que
Pelican, qui n'a pas été choisi comme single par hasard, pour nous rappeler avec son rythme soutenu et ses phrases ciselées qu'il s'agit bien d'un disque des
Maccabees.
Il n'est pas impossible que j'aie déjà trop écouté cet album pour que mon jugement soit réellement objectif. Les écoutes ont été étonnées parfois, déçues aussi, perdues sans doute, finalement ravies. Et si on se demande où sont passés les
Maccabees sautillants, il ne faut pas pour autant laisser de côté cet album qui offre une nouvelle facette au groupe.
Tracklist
1. Given to the Wild (Intro) / 2. Child / 3. Feel to Follow / 4. Ayla / 5. Glimmer / 6. Forever I've Known / 7. Heave / 8. Pelican / 9. Went Away / 10. Go / 11. Unknow / 12. Slowly One / 13. Grew up at Midnight
Durée : 52:51
Label : Fiction Records
Sorti le 6 janvier 2012 (UK)