C'est donc au Zenith de Lille que les Black Keys faisaient ce mardi la première des deux dates françaises de leur tournée (avant Paris le lendemain). Si le choix du Zenith s'imposait, il faisait aussi craindre pour la qualité du son ; non pas que j'en sois un esthète, mais la mauvaise réputation de la salle l'avait précédée. Rien de mieux que la première partie, assurée par les américains de Portugal. The Man pour se faire une idée.
20h, à peine entré dans la fosse, le noir se fait pour laisser la place au groupe qui tente de chauffer à blanc le public Lillois. Le timing était si parfait que j'ai pensé que le noir se faisait pour moi... Mais c'est bien pour écouter ce set d'une grosse quarantaine de minutes que la salle se remplit peu à peu. L'ambiance monte elle aussi, au fur et à mesure que les cinq gars de
Portugal. The Man s'embrasent (j'espère
Setlist
Howlin' For You
Next Girl
Gold on the Ceiling
Strange Times
Dead and Gone
Run Right Back
Thickfreakness
Girl Is On My Mind
I'll Be Your Man
Your Touch
Little Black Submarines
Nova Baby
Sister
Chop and Change
Money Maker
Ten Cent Pistol
Same Old Thing
Tighten Up
Lonely Boy
Everlasting Light
She's Long Gone
I Got Mine
que vous n'avez pas lu autre chose). Passées les premières frayeurs d'un son parfois brouillon, le rock progressif du groupe finit de me convaincre, notamment lorsqu'il s'engage dans de grands moments de rock épique. L'energie se fait ressentir, c'est finalement emballant même si je finirai par me lasser des aigus du chanteur ; mais voilà une première partie plus que plaisante.
Reste que le Zenith se remplit encore et encore, et c'est façon sardines que nous assistons à l'entrée des
Black Keys, accompagnés sur scène d'un bassiste et d'un claviériste. Pour ne rien cacher, je ne connais des
Black Keys que leur musique récente, leur déjà conséquente discographie (7 albums depuis 2001) restant plus qu'opaque à mes oreilles. L'occasion est bonne pour découvrir en live un plus large aperçu de leur univers. De fait, c'est pas moins de 22 titres que le duo interprétera sur scène, faisant certes la part belle aux titres issus des recents
Brothers et
El Camino, mais n'hésistant pas à piocher dans leurs archives sonores.
Il ne faut pas longtemps pour s'acclimater au lourd son garage de la guitare d'un sautillant Dan Auerbach, coupe et perfecto Bryan Adams (je situe) et aux frappements dingues de Patrick Carney, mix improbable du mec anglais d'Union Libre et de Hugh Grant de loin (je situe). Les "na na na" de
Howlin' For You constituent une mise en bouche parfaite. Les titres courts et énergiques font leur effet, et on pardonnera les quelques lenteurs entre les morceaux. On regrettera quand même que le son du Zenith noie quelque peu la qualité de certains titres, et là, forcément, je pense à
Run Right Back, parce que ce titre, quand même, hein.
C'est le moment que choisissent les
Black Keys pour nous offrir un passage "à deux", histoire de mettre en avant des titres un peu plus roots, principalement issus d'albums plus vieux. Le rythme s'apaise mais ne perd pas en intensité : les deux se donnent à fond, et je me dis alors à la façon de martyriser sa batterie que Patrick Carney doit vraiment gérer l'ouverture des bocaux de cornichons. Arrive alors
Little Black Submarines, titre parfait pour remettre la machine en route, avec son entrée en douceur et son final explosif qui voit le retour des deux acolytes du duo. C'est le moment qu'à choisi un sosie de Bernard Lavilliers au catogan d'au moins 2m30 (le mec, pas le catogan) pour se poster juste devant moi. Pas très grave, un habile décalage de tête me permet de me remettre d'aplomb. C'est alors reparti pour un tour aux accents funky, qui voit passer des titres comme
Sister ou
Money Maker, et qui finira en apothéose avec deux singles phares du groupes,
Tighten Up et
Lonely Boy, repris par la foule qui semble conquise. Mon Bernard a depuis longtemps déserté le coin pour tenter de danser au plus proche de la scène.
On se dit alors que le show est fini,
The Black Keys ayant alors fourni une très belle copie ponctuée de leurs deux mastodontes. Mais ce serait faire fausse route (
El Camino, jeu de mots, tout ça). La formation revient sur scène pour un superbe rappel où toutes les cartes sont abattues. Le décor, réduit à quatre écrans jusqu'alors, se voit jonché d'une énorme boule à facettes, alors que le dernier titre,
I Got Mine, laisse finalement apparaitre en lettres lumineuses le nom du groupe. Tout garder pour la fin, ça peut surprendre, mais ça fait vraiment son petit effet, si bien qu'on pardonnera facilement les quelques errements de la soirée pour ne garder que le souvenir d'une excellente prestation musicale.