18h00. Une trentaine de personnes est déjà devant l'entrée - unique - du Bataclan, pour assister au concert Parisien de Kasabian, annoncé pour... 20 heures. Pourtant, on finira par comprendre leur impatience. Dès 19 heures, la file s'est considérablement allongée sur le trottoir, même si les contrôles sont faits rapidement et sans zèle. La fosse se remplit doucement mais surement, tandis qu'on choisit la sagesse en prenant place en haut, assis confortablement. La suite nous donnera raison, tant le concert sera bouillant.
Mais avant de voir débarquer sur scène les Anglais, on assiste à un ersatz de première partie, assurée dit on par DJ Dan. De DJ, il n'en est rien, le jeune homme dont on se demandera longtemps s'il est vraiment considéré comme première partie se contentera de passer des disques tranquillement, installé derrière ses platines, en plein milieu d'une scène sans aucune effervescence. On se console d'une trop longue attente avec ses choix pas trop hasardeux très rock 70's, alors que les lumières n'ont même pas fait l'effort de s'éteindre. La salle, elle, en a profité pour se remplir, et notre ami Dan n'a pas encore terminé sa playlist que les techniciens commencent à tester les installations. 20h40, la musique continue de jouer, DJ Dan est déjà parti, on remballe ses platines, on ferme son Mac. De son côté, un technicien n'a besoin que de quelques secondes pour haranguer la foule en testant la batterie.
Et puis, sans vraiment prévenir, 20h50 : noir, nappe sonore, entrée du batteur Ian Mattews, applaudissements, vacarme à l'arrivée des quatre anglais toujours accompagnés en live de Jay Mehler et pour cette tournée d'un clavier. Le chanteur Tom Meighan a troqué ses cheveux de pucelle pour une coupe de jeune roquet, engoncé dans un imper marron taille XS qu'il mettra un certain temps à quitter. Serge Pizzorno a mis sa plus belle chemise alors que le groupe se chauffe sur un long
Mothman, choix étonnant puisque cette chanson est absente des albums. Ouf, le public percute sur l'intro d'
Underdog. Il commence à faire chaud. Partout, ça chante ; sur scène, encore plus fort. Le public répond présent, ameuté par Meighan qui est déjà dans le bain. Bouillant.
Le début du concert reprend l'ordre de l'album
West Ryder Pauper Lunatic Asylum, jusqu'à l'instrumental
Swarfiga qui sert de rampe de lancement à
Shoot The Runner. Re-ouf, Kasabian a compris l'essentiel. Leur son rock, leur énergie incroyable appelle ce genre de chansons. Et s'il sont là pour mettre en avant leur dernier album en date, la set-list propose avant tout des titres qui sont taillés pour la scène. Exit les chansons lentes du second album, bonjour aux mastodontes du premier : la foule surchauffée accueille un
Cutt Off que l'aura de Meighan magnifie.
© dpc -
Le HibOO (c'est aussi la photo miniature)
Et quand on revient sur des titres plus calmes - façon de parler - le groupe s'arrange pour ne pas faire retomber l'ambiance : le mignon
Thick As Thieves profite de son final chantant pour être repris en choeur, Serge se gondole si bien sur
Take Aim qu'il emporte avec lui tout le Bataclan. La salle est conquise, et il ne fait aucun doute que le public est connaisseur. Si dans la fosse le ballet des crétins qui jouent des coudes nous offre une petite représentation, c'est oublier que l'immense majorité donne le change au groupe qui a l'air d'aimer ça, bras en l'air et reprise des paroles sans aucune retenue. La puissance et la classe de Meighan qui sait s'effacer juste ce qu'il faut pour faire participer le public ou laisser la lumière aux autres membres du groupe fait disparaitre les derniers doutes.
Kasabian donne tout sur ses titres phares,
Empire est exécuté à la perfection, le refrain de
Fire confirme le titre de la chanson, Meighan assure le SAV en envoyant son
Fast "Fucking" Fuse ; et avant un
Club Foot d'anthologie dont la seule intro suffit à me mettre des frissons, les Anglais nous montrent une autre facette de leur talent avec
The Doberman, dont le final dénué des trompettes de la version album reste grandiose.
Le public en redemande, Kasabian revient donc sur scène pour un rappel digne de ce nom :
Vlad The Empaler habite un Meighan qui a depuis longtemps tombé la veste, Serge assure le show avec
The Stuntman chemise ouverte, et l'habituel final
LSF ne déçoit pas. Les gouttes perlent sur les tempes du public, les oreilles bourdonnent, mais les voix sont hautes : la salle entière fait résonner des
"lalalaaaa" en écho à ceux toujours plus forts du groupe. Un dernier salut, l'impression de sortir d'une bulle, d'un moment intense, d'un fil tendu à l'extrême pendant une heure et demie.
22h30, la file d'attente s'est transformée en une foule abasourdie devant l'entrée du Bataclan. Un nuage de fumée s'en dégage. Sur l'entrée du Bataclan, le nom de Kasabian a déjà laissé place à celui du groupe de cette nuit : "Boys Noize". Un nom qui aurait pu largement convenir au concert à peine fini.
Mothman
Underdog
Where Did All The Love Go ?
Swarfiga
Shoot The Runner
Cutt Off
Thick As Thieves
West Ryder Silver Bullet
Empire
Take Aim
Processed Beats
Fire
Fast Fuse
The Doberman
Club Foot
Vlad The Empaler
Stuntman
L.S.F
D'autres superbes photos sur
Soul Kitchen.