Déjà passée par Paris en avril dernier (on en avait parlé ici), la Suédoise Anna Ternheim visitait cette fois-ci la capitale dans la salle de l'Alhambra. Si son précédent concert, dans le cadre de la sortie de son troisième album Leaving on a Mayday, avait été l'occasion de mettre en avant un côté plus rock et inattendu de la chanteuse, il s'agissait ici de terminer une série de 10 concerts à vocation totalement acoustique. Détail non négligeable, j'étais pour ce concert entouré de trois personnes auxquelles j'avais transmis le virus, de quoi risquer le satisfait ou remboursé.
La première partie du spectacle est assurée par Every Man Has Your Voice [myspace], duo français flanqué de l'américaine Andrea Perdue qui pourtant était là (j'étais obligée de la faire). Côté folk cheap entièrement assumé, passée une intro hirsute, on est presque heureux de retrouver du ukulélé. Et finalement ça fonctionne plutôt bien, on y retrouve une rondeur appréciable dans la voix, et quand le trio vient au bord de la scène pour entamer un tour de chant loin des micros, on est loin d'attendre que les minutes passent. Même constatation quand les guitares débarquent et que le trio redevient duo, quelque soit la couleur de leur musique, le courant passe plutôt bien et le set est apprécié.

Une bonne entrée en matière avant de voir arriver Anna Ternheim et deux musiciens dont le premier jeu aura été de ne pas leur affecter des noms de meubles Ikea. Le concert se veut acoustique, la Suédoise n'hésitant pas à aller s'installer au piano pendant que ses musiciens l'accompagnent à la contrebasse et à la guitare (ainsi qu'en bonus, Alex qui me proposait une contre-voix masculine directement dans mon oreille droite). Pourtant, il s'agira encore une fois de mettre en avant le dernier album en date qui se veut résolument plus pop que folk ; l'intégralité des dix titres sera jouée, et forcément, ça s'en ressent sur les arrangements. What I Have Done, dont la version acoustique qui traînait sur le net était une pure merveille, se retrouve dans une orchestration mi-figue mi-raisin, certes épurée de ses arrangements mais dans laquelle la contrebasse sert de fond assez présent, trop peut-être.

D'une manière générale, plus qu'une version remaniée des titres, on assiste à des versions épurées, mais pas forcément ralenties, juste adaptées. Le résultat est surprenant, mais nous perd quelques fois, notamment dans les interprétations des chansons des premiers albums. Heureusement, la voix d'Anna Ternheim reste parfaite, bien portée par les choeurs de ses musiciens, si bien que ses premiers titres (Better Be, To Be Gone, My Secret) conservent leur puissance et leur émotion. Quant aux nouveaux titres, un brin supplémentaire de simplicité les rend plus ronds et leur donne une nouvelle lumière, même si on regrettera qu'ils ne laissent que peu de places aux anciens titres qui auraient sans doute mieux convenu à l'ambiance acoustique.

Pourtant, Anna Ternheim aura préféré se faire plaisir avec deux reprises : une première de David Bowie, China Girl, déjà entendue sur l'album Separation Road et qui aura eu l'honneur de provoqué un début d'hilarité dans la rangée derrière ; une seconde, plus inattendue, de Franck Sinatra, avec Fly Me To The Moon. Deux reprises réussies, à la sauce Ternheim, totalement métamorphosées et absolument détachées des originales. Anna Ternheim profitera du rappel pour venir une fois encore en bord de scène pour entonner My Heart Still Beats For You loin des micros, a cappella, avec les deux choeurs de ses musiciens à la hauteur.

Alors, si l'ensemble du concert s'avère cohérent, tournant plus autour des arrangements du dernier album, on regrettera peut-être d'avoir perdu en chemin des chansons qu'on aurait plus pensées propices à un univers aussi minimaliste. Mais cela ne doit pas enlever à la qualité de la prestation vocale d'Anna Ternheim ni à l'accompagnement de ses musiciens, gages d'un concert assez réussi.