TRACKLIST1. Death / 2. To Lose My Life / 3. A Place to Hide / 4. Fifty on Our Foreheads / 5. Unfinished Business / 6. E.S.T. / 7. From the Stars / 8. Farewell to the Fairground / 9. Nothing to Give / 10. The Price of Love /
Propulsés comme nouvelles coqueluches de la scène indie anglais, s'offrant même le luxe de squatter la première place des ventes d'album outre-manche début janvier, White Lies n'aura pas tardé à se faire connaître. Formé il y a à peine trois ans sous le terrible nom de Fear of Flying, on n'aura pas eu trop de mal à définir les trois Londonniens qui cultivent depuis une image noire, entre leurs tenues, leurs artworks, l'antinomie de leur nom et surtout leur musique. Si bien qu'ils ont aussi vite été catalogués dans la catégorie dark-wave, certains allant même à d'ores et déjà dessiner un axe Interpol-Editors-White Lies - une bien belle connerie quand on a un peu plus que des a priori sur chacun de ses groupes. Quant à les comparer à des groupes un peu plus anciens (pas forcément musicalement cela dit) comme Joy Division, les Londoniens ont l'honnêteté de dire qu'ils n'en n'ont aucune culture spécifique.
Parce que s'il est indéniable que les trois de White Lies jouent avec le noir et ses contours (la mort, la nuit, la peur
, la réglisse), leur musique s'autorise des envolées plus pop, plus emballées que ceux à qui on les compare, et surtout avec une voix moins marquantes que celles de Tom Smith ou Paul Banks. En revanche, s'il est une filiation non revendiquée et qui pourtant n'a fait que me sauter aux oreilles, c'est bien celle des Killers. A se demander si
To Lose My Life... ne serait pas le disque qu'aurait réellement dû sortir le groupe de Las Vegas. D'ailleurs, on n'échappera pas à la voix si spéciale de Harry McVeigh, dont on soupçonne qu'elle veuille être parfois plus grave qu'elle ne peut réellement l'être, et qui rappelle forcément celle de Brandon Flowers dans ses envolées. Et tout comme The Killers, les traits sont parfois tellement joués et forcés qu'on en vient à approcher le ridicule, et, comme le dirait Michel Drucker,
ça gâche un peu le goût du plaisir.
Par là, il faut comprendre que White Lies a décidé de jouer à fond la carte de la dramaturgie, du noir qui fait couler le sang sur le corbillard, versant parfois tant dans le cliché qu'on a envie d'en rire (parce qu'en français on appelle ça Indochine). La première chanson s'intitule d'ailleurs sobrement
Death, histoire de bien tracer la route à ceux qui n'auraient pas encore compris. Les paroles ne laissent pas vraiment place au soleil et à la joie :
"Let's grow old together, and die the same time" (
To Lose My Life),
"You've got blood on your hand and I know It's mine" (
Unfinished Business),
"Just Put Down Those Scissors Baby" (encore
Unfinished Business),
"I saw a friend that i once knew at a funeral" (
From The Stars)... Les traits sont parfois si grossiers que c'est difficile de passer à côté, d'autant plus quand certaines de ces chansons sont agrémentées d'ouvertures à l'orgue qui donneraient presque envie de sortir la pelle pour aller creuser son trou. Malheureusement, ça donne parfois envie de zapper la chanson, comme, pour moi,
From The Stars qui à au moins le mérite de me faire sourire, même si le final n'est pas si mauvais que ça.
Parce que réduire
To Lose My Life... a un empilement de clichés serait réducteur, tout simplement parce qu'il contient sur ces dix titres un certain nombre de petites bombes où la qualité musicale passe au-dessus des clichés. Les deux premiers singles
Death et
Unfinished Business ont vraiment été très bien choisis, faisant partie des meilleurs morceaux de l'album. Le premier, sombre, lancinant, montant avant de ne plus du tout être noir, montre que White Lies s'en sort à merveille quand ils déballent tout - guitares et voix.
Unfinished Business est, malgré son entrée cérémoniale, la chanson de l'album, ne serait-ce que pour son refrain ravageur.
Farewell To The Fairground aurait vraiment pu (du ?) être un titre des Killers, en un peu plus rock peut-être, mais la ressemblance reste frappante. Le morceau est redoutable, monte sans qu'on fasse gaffe, se perd un peu dans son break mais retombe sur ses pattes pour finir par décalotter un hérisson avec un son bien rock (et, oui, un petit gimmick, rah, ils savent me parler !).
To Lose My Life est un troisième single, avec encore une fois un refrain qui, s'il est répétitif, gagne de la puissance de la voix, des guitares et des doubles voix qui viennent en renfort. On notera d'ailleurs que l'emploi des synthétiseurs reste très restreint et presque décoratif, l'essentiel étant basé sur le couple guitare-basse. Et quand les nappes viennent accompagner le tempo lourd d'un
E.S.T., qui apporte encore une fois la confirmation qu'on peut être sombre sans être cadavérique, il s'agit d'accentuer le trait sans s'imposer.
Le reste de l'album, sans être mauvais, relève de l'anecdotique, entre les morceaux pop-rock bien emballé, bien ficelé, mais dont on gardera pas un souvenir impérissable (
A Place to Hide,
Fifty On Our Horehands, le final
The Price Of Love qu'on n'a pas voulu trop différent du reste de l'album, ça fait du bien de pas finir sur une bouse expérimentale pour montrer que oui, on a aussi une âme, tu vois) et le titre un peu plus triste que normalement c'est une ballade mais là ça aurait fait tâche, mais c'est tout comme (
Nothing To Give).
L'erreur serait de considérer
To Lose My Life... comme un album noir, et de ne plonger dans les multiples pièges qui sont tendus, à nous faire croire qu'il faut élever des corbeaux pour écouter ce disque. Il ne s'agit pas non plus de les oublier totalement, mais plutôt de voir dans cet album la capacité des White Lies à nous envoyer dans la tronche des bonnes rondelles de pop-rock, parfois bien plus rock que pop, qui réveilleraient... un mort.
Clips
Unfinished Business
To Lose My Life
Death