TRACKLIST1. Magic / 2. Manipulating Woman / 3. My Delirium / 4. Better Than Sunday / 5. Another Runaway / 6. Love Don'T Live Here / 7. Back Of The Van / 8. Paris Is Burning / 9. Professional Suicide / 10. Dusk Till Dawn / 11. Crazy World / 12. Morning Dreams /
Née en 1981 en Australie, il y a fort à parier que Phillipa Brown ait été élevée au son des mélodies pleines de synthés de la décennie en question. Et c'est sans doute une des raisons pour lesquelles son premier album simplement intitulé Ladyhawke (fallait y penser) regorge de sons qui renvoient immanquablement quelques années en arrière. Pourtant, il serait bien triste et faux de se limiter à cette description tant ce premier effort est bien plus construit qu'un simple copier/coller qu'on ne tarderait pas à mettre à la corbeille.
"Pip" (c'est comme ça qu'elle veut que je l'appelle) a décidé de concevoir la musique pour qu'elle évoque des souvenirs aux personnes qui l'écoutent, et ce même pour la première fois, et que ses morceaux arrivent à évoquer les sentiments qu'elle y a inclus ; base de la musique peut-être, mais au moins on est sûrs qu'elle n'est pas là pour rien. Et certainement pas pour nous empêcher de prendre du plaisir à se dandiner sur ses chansons aux accents pop mâtinée électro-pop, mais qui restent toujours dans la veine de la chanson standard couplet + refrain,
trois minutes trente c'est dans la boîte. Pourtant, la demoiselle réussit l'exploit de nous caser un bout de chaque mélodie dans un coin de la tête.
Pour ça, pas besoin de réinventer des concepts qui ont fait leurs preuves : les refrains à paroles répétitives (
"I'm leaving monday / It's better than sunday, it's better than sunday, it's better than / I'm feeling younger / It's better than wiser, it's better than wiser, it's better than") mais emmenées par un pont de compétition sur
Better Than Sunday, des
"clap-clap" et des
"oh oh oh" sur
Another Runaway qu'on a pas besoin d'entendre une deuxième fois pour reprendre la mélodie, technique reprise par les
"Na Na Na" d'un
Professional Suicide au refrain qui monte pour prendre jusqu'à la gorge et y dénouer la corde, ou encore les
"Tu du du du, Bang Bang Bang on the Wall, From Dusk, Till Dawn" d'un
Dusk Till Dawn aux prouts numériques, entrées laser et piquées dans les neurones de Kim Wilde ou de Giorgio Moroder.
Inutile de chercher la complication dans les titres de Ladyhawke, on ne s'embarrasse pas d'un break de trop, d'une partie instrumentale à rallonge : on va directement à l'essentiel, qui est de nous mettre en quelques secondes de quoi redonner le sourire et l'envie de pousser les meubles (et accessoirement d'aller demander le numéro de la blonde au bar). On ne résumera pas non plus le travail de Pip comme un condensé de recettes qui marchent, puisque si ce disque ce démarque des autres, c'est bien qu'il transpire de ces petits plus, entre ses arrangements et la voix de Pip qui me fait toujours ce petit effet, surtout sur ce refrain de
Better Than Sunday qui ne laisse pas un capital concentration énorme pour d'autres activités simultanées.
Si certains titres, sans être des fardeaux, ne resteront pas comme des incontournables (en particulier les deux finaux
Crazy World et
Morning Dreams), ils rappellent finalement qu'il s'agit là d'un premier album qui ne se limite pas qu'à une redite de la même chanson, qu'une forte tentation aurait pu nous produire (et en a produit d'autres
même sur un troisième album). Ladyhawke lorgne même vers une ligne plus posée avec
My Delirium ou
Back Of The Van, ou plus hachée et un brin plus épurée sur
Manipulating Woman ou
Love Don't Live Here. De quoi imaginer une suite prometteuse, déjà en écriture, d'un album qui s'ouvre sur un des plus prenants titres de l'album,
Magic, qui lui n'y va pas par quatre chemins pour revendiquer ses origines, paumes appuyées sur le synthé,
clap-clap-cymbale, et la voix craquelée de Pip sur les ponts qui ramasse au filet ceux qui s'y sont jetés.
Le premier album de Ladyhawke est une compilation de hits en puissance, faits pour ça et clairement assumés pour nous faire bouger plus que philosopher, mais sans non plus oublier de distiller quelques paroles bien senties, comme dans
Professional Suicide :
"I see you had a hit back in '89 / Too bad we all don't age as good as wine". Parions que ce ne sera pas le cas pour Ladyhawke.
Clips
Dusk Till Dawn
Paris Is Burning
Back Of The Van